Le Vent se lève

Le Vent se lève
2014
Hayao Miyazaki

Légende vivante, référence absolue et inégalable en matière d’animation, l’immense Hayao Miyazaki a finalement prit sa retraite après une pluie de chef d’œuvre aussi profonds que variés. Il laisse derrière lui un héritage que personne, pas même son propre fils, ne saurait porter, et son célèbre Studio Ghibli est en déroute sans lui, fer de lance de leur économie, même si ce dernier film a rapporté seulement 140 M$ dans le monde, soit une baisse significative par rapport à ces quatre précédents long-métrages. Il est vrai que pour la toute première fois, le maître délaisse son style fantastique habituel (le retrouvant néanmoins dans la schizophrénie des rêves), s’attaquant même à un quasi biopic, mais sa patte est bien là, et il nous offre une dernière balade magistrale à laquelle on ne s’attendait pas.

Prenant place durant l’entre-guerre au début du XX° siècle, le film raconte l’histoire de Jiro Horikoshi, ingénieur en aéronautique ayant réellement existé, mélangeant son vécu à celui du romancier Tatsui Hori, ayant grandit à peu près en même temps. Petit garçon rêvant de voler dans les airs, il a grandit avec cette idée dans la tête, décidant de concevoir lui même des avions, majestueux oiseaux façonnés par la main de l’homme. Une vie de passions et de rêves dans un monde en plein bouleversement.

Contemplez un génie à l’œuvre. C’est juste magnifique, beau à en pleurer. Bien sûr, n’espérez pas retrouver le frisson vertigineux du Château dans le ciel pour ce qui est des essais aéronautiques, mais on s’en fiche, le film marcherait pareil avec n’importe quel sujet, car au fond le thème n’est pas celui ci. Le film parle de la passion au sens large, mais surtout de l’amour, même s’il semble que les plus belles romances soient les plus tristes. Le film joue beaucoup sur le timing, nous posant les bases d’une idylle étouffée dans l’œuf, et on se demande comment elle pourrait revenir. Bien de ses précédents films comportent des romances magnifiques, d’une immense poésie comme dans Kiki la petite sorcière, son plus beau et plus simple film à mon goût, mais il met la barre à un niveau inédit ici, et il aurait été aisé de nous tirer les larmes, mais quel noble choix que de préférer rester dans l’onirique plutôt que de sombrer dans le mélodramatique. Une véritable leçon de vie, certes passablement dépressive, mais ô combien touchante et émouvante. C’est d’autant plus fort de part le caractère exceptionnel de l’animation, assez simple pour les personnes, mais d’une incroyablement prouesse artistique au niveau des décors. De même, si certains rappellent d’autres issus de ses précédents films, certains thèmes musicaux composés ici sont enivrants, divins. Un peu trop sombre par moments, mais c’est aussi là la force du cinéaste, ce dernier bijoux vient clore avec brio l’une des carrières les plus brillantes jamais vues. Pas son meilleur film faute d’imagination débridée (Nausicaä est à ce niveau là infiniment meilleur par la puissance philosophique de son histoire, sans compter une quasi perfection de chaque aspect du film), c’est ce qu’on appelle partir avec panache. Hayao Miyazaki, nous ne te remercierons jamais assez.

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