Connasse, Princesse des cœurs
2015
Eloïse Lang, Noémie Saglio
Récemment revenu à la mode avec François l’embrouille, le principe de caméras cachées a vu une déclinaison débarquer sur Canal+ il y a deux ans, et voilà que le personnage arrive désormais sur grand écran dans une comédie intégralement tournée en caméras cachées. Un sacré défi quand on a un vrai scénario derrière, de quoi laisser méfiant, mais le demi-million d’entrées en première semaine et les bons retours ont fini par me tenter, et tant mieux.
L’excellence sinon rien. Pour Camilia (Camille Cottin), le luxe est une nécessité, et elle n’en revient pas qu’il faille travailler pour ça. Se mêler au petit peuple l’horripile, et elle aspire aux plus hautes sphères imaginables. Pour y parvenir, pas le choix, elle doit faire un mariage d’envergure, un mariage qui ferait d’elle une people influente et qui lui octroierait une richesse indécente. Après mure réflexion, elle portera son dévolu sur le prince Harry, héritier de la monarchie britannique. Direction la Grande-Bretagne !
Ne connaissant pas du tout le personnage de la « connasse », je m’attendais au pire, mais au fond le personnage est presque touchant. Elle n’est à proprement parlé par une connasse, mais fait effectivement preuve d’un égoïsme monstre et d’une franchise souvent déplacée, mais c’est à mettre en exergue avec son incroyable naïveté qui la rend humaine. Et tout le principe du film marche pareil, jouant sur les oppositions avec finesse. Ainsi, on découvre cette folle d’une immense prétention prête à balayer le monde pour son petit bonheur personnel, se déclarant la plus belle au monde alors que ça n’est clairement pas le cas, mais très vite elle nous impressionne par son culot ahurissant, sa motivation est sans bornes, et elle en devient au final carrément charmante, d’autant que son bronzage fait d’autant plus ressortir le bleu azure de ses yeux si envoûtants. De même, en plus de jouir d’une vraie mise en scène malgré les contraintes techniques, le scénario fourmille d’idées ingénieuses, notamment le cadre anglais, choix très judicieux pour confronter le naturel déstabilisant de la connasse avec le savoir-vivre British. Ça va très loin, le film ne se refuse aucune excentricité, et l’actrice assume formidablement chacune des situations, souvent hilarantes. En résulte une comédie étonnante et très drôle, non sans rappeler le cultissime Borat (tiens, il manque la critique, faudra que je me le refasse), bien que ce dernier ne faisait qu’imiter des caméras cachées, sans quoi la vie des acteurs aurait indubitablement été menacée, même si ici aussi des risques ont été prit.