Au cœur de l’Océan
2015
Ron Howard
Alors que tout le monde attendait son Inferno sans cesse repoussé, troisième épisode de la saga entamée par le Da Vinci Code, Ron Howard avait discrètement annoncé cette adaptation du roman de Nathaniel Philbrick, racontant l’histoire vraie qui a inspirée l’un des plus grands monuments de la littérature, Moby Dick, mais dont l’histoire m’est apparue, au travers de la dernière adaptation en date, assez mauvaise. Entre temps, le réalisateur s’est prit d’ambition et a repoussé de huit mois le film pour le mettre dans la course aux Oscars, mais broyé par la concurrence, le film n’a pas décroché la moindre nomination et fut un large échec commercial. Comme quoi ça veut rien dire.
Que s’est-il réellement passé dans l’océan pacifique à bord du baleinier l’Essex lors du printemps 1821 ? Ayant eu vent de l’histoire d’une baleine albinos gigantesque qui aurait attaqué le navire, le futur écrivain de Moby Dick, Herman Melville (Ben Whishaw), va alors demander à Thomas Nickerson (Brendan Gleeson), un des rescapés de l’époque, de lui raconter cette terrible histoire. Traumatisé par cette épopée, Thomas va alors lui raconter son aventure de petit moussaillon (Tom Holland) à bord de l’Essex, sous les ordres d’un novice (Benjamin Walker) qui a heureusement pu compter sur l’expérience d’Owen Chasse (Chris Hemsworth) et de son lieutenant Matthew (Cillian Murphy), des chasseurs de cachalots émérites.
Désormais formellement interdite, la chasse à la baleine fut il n’y a pas si longtemps une industrie d’une ampleur égale à l’actuelle industrie pétrolière, le cétacé étant alors particulièrement convoité pour son huile de graisse, formidable combustible qui alimentait les anciennes lampes à huile. Le mode de chasse de l’époque était des plus barbares, consistant à fatiguer et vider de son sang le mammifère, alors voir une aventure centrée dessus avec comme rêve absolu la mise à mort d’une légende des mers cherchant juste à protéger ses semblables, non merci. Heureusement, même si le cadre est évidemment identique à celui de Moby Dick, l’histoire n’a rien à voir. Plus centrée sur l’amitié, le karma ou la survie, le film n’est pas un culte à la chasse, plus une ode à la mer et à l’amour de la navigation, remettant l’homme à sa place face aux éléments et à la nature, tout en apportant une morale trouble mais intéressante. Doté d’un casting qui laisse rêveur, le film nous livre une aventure puissante visuellement, arrivant à faire transparaître la puissance des eaux et de ses occupants, et l’image est magnifique, jouant beaucoup sur les instants magiques (levé et couché du soleil), tout en nous berçant avec une musique somptueuse. Les thèmes abordés ne sont pas très neufs, mais l’emballage est de qualité.