Fast & Furious 8

Fast & Furious 8
2017
F. Gary Gray

C’est ce qu’on appelle une longévité record. Alors qu’on croyait la saga en mauvaise posture après le semi-échec de Tokyo Drift, le troisième épisode, le film suivant a changé la donne en remettant en avant tous les personnages iconiques des deux premiers films, relançant l’intérêt et les recettes. Avec Fast Five, la saga s’est même offert ses lettres de noblesse en se dotant de nouveaux venus de premier ordre et le retour de tous les anciens protagonistes, mais aussi et surtout en se payant un scénario de très grande qualité mettant à la rue bien des films de braquage. Depuis, chaque épisode décuple le score du précédent à plus ou moins juste titre, au point que Furious 7 ait été subrepticement le quatrième plus gros succès de l’histoire avec 1,5 milliards de dollars au box office mondial. Seulement voilà, le héros de la franchise est malencontreusement décédé et il faut bien savoir s’arrêter au bout d’un moment.

Toujours sous la houlette du gouvernement américain (Kurt Russell), la bande de Dominic Toretto (Vin Diesel) – incluant Roman (Tyrese Gibson), Letty (Michelle Rodriguez), Ramsey (Nathalie Emmanuel) et Hobbs (Dwayne Johnson) et les autres (sauf Bryan et Mia, en « retraite ») – devait voler un brouilleur électro-magnétique, mais les choses vont mal tourner. En effet, Dom va doubler sa propre équipe pour donner leur butin à une certaine Cipher (Charlize Theron), dangereuse cyber-criminelle. Pourquoi une telle trahison, lui pour qui la famille représentait tout ?

Alors que les trois premiers films s’imposaient comme des productions décérébrées et décomplexées qui n’avaient vocation qu’à offrir du fun, sans parler forcément d’action, par la suite la saga a voulu redorer son blason et s’imposer dans un registre plus sérieux, sans pour autant avoir toujours une histoire passionnante, à l’image de Fast & Furious 6. Cette fois c’est même presque grotesque. Les réactions de Dom ne collent pas et on ne comprend pas son mutisme, Cipher est une méchante bidon qui a la beauté mais ni le charisme ni l’intelligence, nous infligent encore le coup de « oh zut, j’aurais dû vous tuer tant que je le pouvais ». Bah oui connasse ! Comble du comble, même si la cohérence n’est pas de mise, le film est pourtant ultra téléphoné et sonne par moment très faux, comme l’entente express entre Hobbs et Deckard (Jason Statham) ou les interventions de son frère Owen (Luke Evans) et Helen Mirren. Pire, le film nous prend pour des demeurés en nous expliquant lourdement ce qui était implicite. Côté scénario, c’est donc une sacrée déception, mais qu’en est-il du spectacle ?

Après une intro assez grisante nous rappelant les bases de la franchises, à savoir les petites courses clandestines, on enchaînera plutôt bien les phases explosives, sans pour autant faire autant date que la balade avec le coffre-fort ou même le coup du tank sur auto-route. La séquence de baston en prison est trop peu lisible, le contrôle des voitures à distance gère mal l’effet de surenchère, nous faisant même penser à des voitures recréées numériquement, et le coup du sous-marin largement trop montré dans les bande-annonce souffre aussi de cette démesure qui empêche la suspension d’incrédulité. En résulte un dynamisme indéniable mais indubitablement moins savoureux que par le passé, la faute à une écriture plus minimaliste que jamais. Il devient aussi pénible de voir constamment repoussée la présence du héros de Tokyo Drift dans la bande, pourtant actée dans le précédent film mais qui n’est finalement pas présent. Il est vrai que le film était assez bancal sur bien des aspects, mais il reste néanmoins l’un des plus originaux et intéressants de la franchise. On reste sur du divertissement efficace qui envoie du lourd, mais la saga méritait mieux que ça et il aurait été tellement plus fort et respectueux de la laisser reposer en paix avec son humble représentant tant la fin du précédent était parfaite.

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