La piel que habito

La piel que habito
2011
Pedro Almodóvar

Si les films espagnols ont de quoi nous surprendre de bien des manières, spécialement Almodóvar, ce grand réalisateur va aller très très loin. Portant son dévolu sur le livre Mygale du français Thierry Jonquet, il va nous emmener dans les tréfonds de l’âme humaine dans un thriller fantastique des plus déroutants, choquant, perverti et immoral.

Perdre un être cher, c’est toujours très dur, et on se demande ce qu’on aurait pu faire pour l’éviter. Pour Robert (Antonio Banderas), immense chirurgien, la question ne se pose plus et il a trouvé la réponse. Dix ans auparavant, sa femme s’est suicidée à cause de lourdes séquelles dues à de graves brûlures. Il a alors confectionné une peau résistante à toutes formes d’agressions externes comme internes. Si son procédé génétique est interdit, il a néanmoins pu en constater les effets sur sa cobaye. Cloîtrée chez lui, Robert mène ses expériences sur elle sans qu’elle ne manifeste aucune émotion. Qui est-elle ? Un monstre ? Un robot ? Sa femme « ressuscitée » ? Non, la vérité est bien plus sombre et horrible…

Le premier contact avec le film ne peut en rien laissait présager pareille histoire. Dans un premier temps, le spectateur suit ce mystérieux chirurgien qui entretien des liens étranges avec ce qui semble être une humaine recréée par ses soins. On sent une alchimie assez malsaine entre le maître et son « robot » mais qui, après tout, a peut-être droit à sa chance. Mais pauvre spectateur naïf que nous somme, l’évidence nous échappe : rien n’est dû au hasard et, logiquement, créer un humain n’est pas possible. En revanche…
La seule solution réaliste se dessine dans l’horreur la plus absolue. On ne peut ni ne veut y croire. Comment une telle abomination peut-elle émerger dans l’esprit d’un homme ? Tant de questions qui se bousculent et toutes ses réponses si dérangeantes et psychopathes se mélangent dans un cauchemar qui dénaturalise l’essence même de notre humanisme. L’humain est-il le pire des monstres ? Le film semble en tout cas le prouver. Une chose est sûre, c’est un de ces films qui vous marque à vie.

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