Le Jumeau

Le Jumeau
1984
Yves Robert

Avec un titre pareil, on voit déjà venir le film. De par un prétexte douteux, l’histoire va probablement amener un jumeau de Pierre Richard, où on ajoutera en post-prod le même acteur sur le même plan, pour créer « l’illusion ». Mais en réalité, comme le titre l’indique, il sera son propre jumeau (?). Alors qu’avec les premières minutes, on voit émerger une comédie lourde et indigeste, le génie de Yves Robert va peu à peu reprendre le dessus.

Grand habitué des rôles de simplets malchanceux, le film démarre avec un Pierre Richard (alias Matthias) sortant du casino, délesté de son argent, de sa voiture, de son logement. Il par donc prendre quelques vacances grassement accordées par des amis possédant une maison dans le sud. Il y fera la rencontre de Liz Kerner, une riche héritière américaine. À la fois charmée et intéressée, elle le voit bien remplir sa close d’héritage : se marier. Par le hasard des choses, elle a une sœur jumelle (une vraie, et la ressemblance entre les jumelles More est bluffante), qui est elle aussi obligée de se marier. Et cela tombe bien puisque Matthias a lui aussi un frère jumeau : Matthieu. Mais comme il n’existe pas, il va bien falloir l’inventer. Et jouer deux maris, ça demande une sacrée jongle…

Il faut bien le reconnaître, le début du film n’est pas très engageant : des gags éculés, voir lourds, une histoire de jumeau / jumelle un peu hasardeux, une narration brouillonne, et des situations aussi improbables qu’incompréhensible. Comment peut-on croire que ça pourra marcher ? Non mais sans blagues, n’en voir qu’une à la fois, maintenir la flamme malgré les mensonges, berner la loi et garder le rythme, c’est impossible ! Et c’est là la force du film : Pierre Richard repousse toutes les limites. Il aurait pu se contenter d’une, mais non, il lui faut les deux. Inventant mensonges sur mensonges, se créant une fausse attestation de naissance, une double personnalité, sa cupidité et sa libido ne souffrent aucunes limites et poussent son imagination jusqu’à des hauteurs hallucinantes, allant jusqu’à orchestrer involontairement la mort de son double. Hilarant à en pleurer durant toute sa seconde moitié, le film n’est pas que la quintessence de l’humour à la Pierre Richard, il est aussi l’aboutissement d’un rêve idyllique : aimer et être aimé par deux femmes aussi sublimes que riche et gentilles. Certes, le coup de la belle blonde sulfureuse avec un accent anglais, ça fait cliché, mais ça fait grave fantasmer. Comme dirait Hank Moody, « putain de merde, une vie comme ça je dit amen ! ». Et quand c’est fait avec autant de talent, ça donne une sacrée comédie.

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