Faisant suite au très apprécié et incroyablement populaire Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, ce troisième volet des aventures de nos petits gaulois était porté par les imposants 23 millions d’entrées françaises des deux opus, et profita aussi d’un joli buzz autour du projet pendant deux longues de préparation. Et pourtant, la sortie du film fut chaotique. Si sa première semaine en salle fut accueillie par plus de trois millions de personnes, dans la lignée des deux autres, le bouche-à-oreille réduisit le film en cendres. Presses glaciales, spectateurs assassins, le film fut traîné dans la boue plus que n’importe qu’elle autre mauvaise suite. Au final, le film mourut à tout juste 6,8 millions d’entrées, à des années lumières du succès des anciens. Et avec un budget délirant et historique de 78 millions €, et 20 de plus pour la communication, les quelques 131 millions $ que le film a arraché dans le monde couvrent à peine les frais. L’addition est bien salée. Ont-ils fait pire que la catastrophique première adaptation ? Presque, mais dans un tout autre genre.
Hasard du calendrier, cette adaptation de la bande-dessinée de Uderzo et Goscinny est sortie la même année que les Jeux Olympique, mais ratant le créneau des dits jeux. Pour cette nouvelle aventure, nos amis Astérix (Clovis Cornillac) et Obélix (Gérard Depardieu) auront la tâche d’aider Alafolix (Stéphane Rousseau) à gagner les J.O. Amoureux de la princesse Irina, c’est le seul moyen qu’il a trouvé pour gagner le droit de l’épouser, sans quoi elle aurait été promise à Brutus (Benoît Poelvoorde), fils de César (Alain Delon). Mais du coup, Brutus doit lui aussi gagner les jeux s’il veut mériter son mariage. Un vent de triche va souffler sur le Colisée…
Avant de pouvoir déceler les faiblesses décriées unanimement, le film fait montre de très grandes qualités graphiques. L’image est propre, magnifiquement colorée, sublimée par des effets de lumières maîtrisés, accompagnée par des décors somptueux, et se trouve même être réalisé avec talent. Un point assez exceptionnel sur lequel on tente de se raccrocher, avant de désespérément décrocher… Une fois passé le choc du nouvel Astérix, très mauvais d’ailleurs, on se rend compte que personne n’est au premier plan, déroutant. Les personnages d’Alafolix et Brutus semblent les plus travaillés mais c’est comme si chaque acteur effectuait sa scène sans vraiment savoir le rôle qu’il occupe dans le film. Et que dire de la profusion d’acteurs, tous plus inutiles les uns que les autres. Comme dans les deux autres, la « fine fleure » française est conviée : José Garcia, Franck Dubosc, Alexandre Astier, Jamel Debbouze, Jean-Pierre Castaldi, mais aussi Elie Semoun, et malheureusement un collectif sportif, pour une scène final ennuyeuse. Mais ça n’est pas ça le plus gros problème du film : il manque un ingrédient essentiel de la BD. Astérix, c’est l’humour, l’aventure ! Côté aventure, on a vu mieux, mais ça reste pas trop mal. Par contre, où est l’humour ? Est-on censé rire quand Delon dit « ave moi » ? Doit-on être amusé des pitreries de Poelvoorde ? Est-ce supposé être drôle ? Le jeu des acteurs n’étant pas non plus mauvais, le film ne tombe pas dans le grotesque, mais il manque clairement l’attrait humoristique pour s’intéresser vraiment au film, tout juste peut-on se satisfaire de l’histoire et de sa belle réalisation, ayant visiblement pleinement profité du budget historique. Sans être non plus un infâme navet, le film souffre indubitablement de ses dialogues insipides qui font tomber à l’eau ses effets comiques. Sa Majesté redorera t-elle le blason de cet icône culturel ?