Ondine

Ondine
2010
Neil Jordan

Ondine, nymphe des eaux, sirène des mers. Dans toutes les mythologies, la légende des femmes poissons est récurrente, comme avec celui de Lorelei en Allemagne, ou en l’occurrence le mythe des Selkies, humains revêtant la peau d’un phoque pour se transformer en l’un d’eux. Histoire d’origine écossaise, le film nous propose une plongée au cœur de légende.

Syracuse (Colin Farrell), pécheur irlandais, sillonnait ses eaux froides comme tous les jours, le regard vide, pensant à son passé d’alcoolique dépressif, à son ex-femme irresponsable, et surtout sa fille qu’il ne voit pas assez, souffrant de graves insuffisances rénales au point de devoir attendre sa possible greffe dans un fauteuil électrique. Mais ce jour là, ce n’est pas du poisson qui sorti de son filet, mais une femme (Alicja Bachleda-Curus / Farrell). Mystérieuse et semble t-il amnésique, elle préfère rester dissimulée et se cacher des autres. Se faisant appeler Ondine, comme dans la mythologie, son chant attire tous les poissons dans les filets, et elle semble avoir une connexion avec l’eau. À la fois fascinés et envoûté par elle, Syracuse et sa fille la regardent avec cette même étincelle dans le regard : « et si c’était une selkie ? ».

Coïncidence, chance, ou tout simplement force divine, le film fait monter le mythe autour de son Ondine. Sans jamais pouvoir être catégorique sur son caractère mystique, le film ne se montre pas non plus exclusif et nous laisse dans le doute jusqu’à la révélation finale. Bien que notre esprit sait que les sirènes n’existent pas, notre cœur a envie d’y croire, et tel un enfant rêveur, on suit cette aventure avec espoir et passion. Poétique, romantique, magique, dans une atmosphère d’une tristesse sans nom, ce personnage bienfaiteur arrive comme la providence et illumine notre regard, tandis que l’excellent Colin Farrell nous met la boule à la gorge et que sa petite Annie nous émeut au plus haut point. D’une grande poésie, cette troublante histoire joue énormément sur la métaphore avec un talent fourbe, avant un final tout en désillusions, mais pleinement maîtrisé, nous laissant sur une fin réaliste et mélancolique, mais tellement forte et féerique. L’alchimie qui se dégage est d’ailleurs sincère puisqu’après le tournage, Colin Farrell a épousé son Ondine et lui a fait un enfant. Qui a dit que le romantisme était mort ?

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