Final Fantasy IV

Final Fantasy IV
2008
Nintendo DS

17 ans après l’épisode originel sur Super Nintendo, Square-Enix met un terme aux faux portages GBA et autre Playstation en arrêtant les pseudos améliorations et donjons supplémentaires : voici enfin un véritable remake, fortement incité par le fort succès d’un autre remake sur DS, celui de Final Fantasy III. Ce quatrième jeu aura marqué son temps, car contrairement à ses prédécesseurs, il sera le premier à avoir l’ambition d’un véritable scénario, une qualité qui deviendra le fer de lance de la licence.

Graphismes : 15/20

Même équipe de développement que FFIII mais résultat totalement différent. Pour coller avec les ambitions scénaristiques, un effort à été fourni pour pousser la console jusque dans ses derniers retranchements et afficher un résultat « réaliste ». C’était du moins l’objectif de l’équipe Matrix, en charge du projet. Mais bien évidemment, la puissance de la console étant ce qu’elle est, il est difficile d’afficher une 3D de qualité. En résulte une image particulièrement pixelisée et parsemée de points noirs, donnant par là même une certaine austérité et obscurité. On notera aussi quelques saccades lors des pseudo cinématiques amenant des soubresauts dans la voix (car oui, le jeu bénéficie d’un doublage). Mise à part ça, les graphismes sont parmi les plus « impressionnants » de la DS et la diversité des décors donnent un peu plus d’ampleur aux environnements. On préférera tout de même le côté alias-shalding de son prédécesseur, plus adapté au support.

Jouabilité : 14/20

La suprématie de la firme japonaise en matière de RPG tour par tour n’est plus à démontrer, mais il faut bien avouer que la formule a connu des jours meilleurs et que la difficulté n’a jamais été aussi mal dosée. Dès les premiers monstres, on rame un peu, et à partir du premier boss, c’est l’hécatombe : une boucherie. À moins de faire directement du level-up et d’en faire une habitude, il vous sera impossible d’avancer normalement sans crever immanquablement devant le premier petit monstre venu. Heureusement, dès que Cécil (le héros) devient paladin, sa puissance est décuplée et se voit propulsé de façon inespérée, rendant presque le jeu trop facile, mais uniquement pour lui. La magie est largement trop efficace dans le jeu, malmenant les faibles résistances, incluant presque tous les guerriers de passage (Yang, Cid, Edward, Cécil chevalier-noir) et malheureusement Edge, qui fera parti de l’équipe finale. Et face aux boss, quand l’un de vos personnages crève instantanément à la moindre attaque ultime, ça en devient vite chaotique. D’autant qu’avec cinq personnages jouables simultanément, on a pas tellement le temps d’improviser. Et comme si la difficulté monstrueuse ne suffisait pas, l’argent est aussi immanquablement en sous effectif, n’arrivant jamais à réunir assez de Gils pour équiper tout le monde. Et que dire du donjon final, où chaque monstre est une éponge à PV blindée aux contre-attaques et possédant une force dévastatrice ? Pour le boss de fin, il n’y a pas trente-six solutions : abusez du phénix (quand le porteur meurt, il ressuscite ses coéquipiers proportionnellement à ses PM -> utilisable indéfiniment tant que les PM sont supérieurs à 0) en espérant qu’il cède avant vous. Sinon, pour les fous-furieux, il existe deux boss optionnels, infiniment plus forts, disponibles en « New Game + » à condition d’avoir volé au boss de fin la « matière noire », ce qui est quais-impossible. Incontestablement l’un des jeux les plus durs de l’histoire.

Durée de vie : 15/20

Dans l’absolu, il serait possible de finir le jeu en une dizaine d’heures, l’histoire étant assez courte. Mais aux vus de la difficulté de malade, il faudra compter au moins 20 heures. Donc en gros vous passerez la moitié du temps à faire du level-up. Rajoutez à cela quelques 4-6 heures de missions annexes avec les chimères optionnelles de Rydia, très fortes mais il faut pouvoir rester en vie le temps du lancer le sort, ce qui est pas gagné… Sinon, comme le maximum de PV avoisine les 6500 pour Cécil, 5500 pour Kaïn et Edge, et 4500 pour Rose et Rydia, il est conseillé de faire quelques séances de « pomme d’or » pour espérer augmenter ce chiffre et peut-être, survivre au boss final (dans le meilleur des cas et au meilleur emplacement, 5% de chance de croiser le monstre qui a 10% de chance de lâcher l’objet = 0,5% de chance).

Bande son : 15/20

Comme souvent avec les Final Fantasy, les musiques sont très belles. Des petites musiques tranquilles pour les villages en passant par les ambiances pesantes lors des passages importants, le jeu convainc pas mal. Mais on constate tout de même que les plus belles musiques ne sont pas inhérentes au jeu mais à la licence, comme pour le thème du cristal. On notera aussi un bel effort pour accompagner les phases clef par des dialogues – en anglais – sympathiques, mais comme dit plus haut, sujettes à des petits bugs.

Scénario : 8/20

Quel désastre ! Alors que le jeu misait en grande partie sur ce point, c’est clairement une immense déception. Ne démarrant que très tardivement, le jeu met en scène des personnages stéréotypés et à la psychologie pour ainsi dire inexistante, avançant ensemble complètement par hasard, allant jusqu’à n’avoir aucune réelle raison de s’entre-aider, si ce n’est une pseudo amitié naissante. Il faudra attendre le changement de Cécil en Paladin pour s’enthousiasmer un peu, mais la suite se montrera horriblement classique et attendue. Une pénible chasse aux cristaux dans un monde minuscule qui ne dévoilera qu’une misère lunaire. Le boss final n’a pas plus d’envergure que dans le troisième opus, pourtant clairement orienté parodique. Le final sombre lui aussi dans le cliché à grand coup de couronnement. On suivra malgré tout l’histoire, mais sa mise en scène théâtrale et son manque de profondeur font tâche aujourd’hui.

Note Globale : 14/20

Vouloir se rappeler la gloire d’antan en ravivant la flamme des jeux passés est louable, mais encore faut-il savoir aller plus loin et faire évoluer l’œuvre. Si Square-Enix est incontestablement l’un des meilleurs développeur de RPG, force est de constater, et heureusement, que leur standard de qualité est continuellement en hausse – bien que la magie de leur génération Playsation 1 reste leur must – et que faire un remake trop fidèle ne rend pas forcément justice au jeu. À vouloir faire le plus beau jeu possible, le studio Matrix a perdu en terme de résolution d’image et de fluidité, perdant de ce fait en qualité de rendu. À vouloir reproduire la même jouabilité dans le contexte actuel, le jeu a hérité de la difficulté old-school de son modèle, carrément inadaptée aux joueurs classiques, gâchant du coup une partie du plaisir à force de devoir se mettre continuellement au niveau. Mais on aurait put pardonner et acclamer le jeu avec la même ferveur que ses aînés, si seulement son histoire avait été étoffée, ou que la mise en scène eu été moins stéréotypée. Mais les choses étant ce qu’elles sont, on se retrouve face à un excellent jeu de 1991 qui perd beaucoup de sa puissance aujourd’hui, et qui ne pourra renaître que si la refonte se fait en profondeur, et non uniquement visuellement sur une plateforme inadaptée à son ambition.

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