Minority Report

Minority Report
2002
Steven Spielberg

Un an tout juste après le très mitigé A.I., le grand maître Steven Spielberg revient à la science-fiction avec un scénario des plus prometteurs, puisqu’il provient de l’un des meilleurs écrivain du genre, Philip K. Dick. Et effectivement, le résultat restera pour longtemps dans les mémoires.

En 2054, cela fait déjà six ans que l’état de Washington expérimente une nouvelle technique de répression. Issus d’enfants malades ayant servit à des tests de modifications génétiques, trois individus y ont survécu, en ressortant avec une malédiction : à chaque fois qu’ils rêvent, ils voient des meurtres qui se produiront dans le futur. Prophètes du crime, ils servent à recenser les possibles meurtres, et la société « Precrime » se charge d’arrêter de manière préventive les meurtriers. En charge de l’équipe d’intervention et chef des investigateurs, John Anderton (Tom Cruise) est d’autant plus réceptif à ce procédé qu’il a perdu son fils. Et depuis le début de leurs activités, la criminalité fut réduite de 90%, annihilant même toute forme d’assassinat. En pleine opération de nationalisation, l’entreprise s’en retrouve donc inspectée par un agent de l’Etat, Danny Witwer (Colin Farrell), qui cherche une faille au système. C’est alors que les trois precog (les trois prophètes), délivrent une vision d’un meurtre prémédité par John, alors qu’il ne connaît même pas la victime. Il semblerait que le système recèle effectivement une faille : le rapport minoritaire (minority report), une divergence entre les trois visions qui prouverait l’incertitude de cette répression.

Entouré d’une équipe de spécialistes dans tous les domaines (santé, électronique, police, architecture, ..), le film se dote d’un univers futuriste qui se veut le plus réaliste possible. Alors oui, on peux imaginer une démocratisation de l’interaction tactile des écrans et des hologrammes (surtout vu leur qualité raisonnable), l’amélioration de la lecture des rêves (à l’heure actuelle extrêmement expérimentale), le développement commercial des simulateurs sensoriels, mais jamais une pub ne nous appellera par notre prénom (trop chaotique), jamais un paquet de céréales ne sera doté d’une pub animée (coût surréaliste) et dans quarante ans, les voitures électriques auto-pilotées ne seront certainement pas l’unique moyen de transport personnel. Pour ce qui est des precog eux-mêmes, on passe dans le domaine de la mystification, et c’est un choix de ce fait incontestable. Mais de manière générale, il faut bien avouer qu’il s’agit là de l’un des univers futuristes les plus réalistes, réussi et original. La force du film vient en grande partie de ce principe d’arrestation préventive, brillant en tant qu’histoire, magnifique sur le plan visuel. En plus d’une histoire incroyablement bien ficelée s’axant autour d’une énigme mettant à l’épreuve la morale, le film repose aussi sur son esthétique, bluffant. En plus de son solide scénario, l’image lui donne sa cohérence graphique avec des effets spéciaux irréprochables. Mais tout cela ne serait rien sans l’immense talent de Tom Cruise, d’un calme à toute épreuves. Un rythme haletant, une quête de vérité intrigante et passionnante, des personnages mystérieux et charismatiques, une ambiance sombre : Spielberg en a fait un chef d’œuvre.

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