Un prof pas comme les autres
2013
Bora Dagtekin
Fraîchement débarquée chez nous en novembre dernier, cette comédie allemande avait fait sensation à domicile une année auparavant, culminant à pas moins de sept millions d’entrée, faisant du film l’un des plus gros succès de tous les temps. Avec soixante mille entrées en France l’engouement ne fut en revanche pas communicatif, mais le cinéma allemand ne s’exporte de toute façon que très difficilement.
Tout juste sorti de prison après s’être fait coffré lors d’un braquage, Zeki espérait mettre la main sur son magot, mais sa cruche de complice l’a enterré dans la cour d’une école, et un bâtiment a vu le jour au dessus de sa cachette. Pour remettre la main dessus, il doit creuser sur près de six mètres, chantier difficilement faisable clandestinement. Du coup, il va postuler pour le poste de concierge et ainsi glaner une place stratégique dans l’école, mais repartira finalement avec un job de professeur remplaçant. Lui qui méprise les élèves et se contrefout de leur apprentissage, la situation est hautement improbable. Pourtant, sa pédagogie va porter ses fruits.
Un prof qui n’a pas réellement les diplômes nécessaires pour exercer, une incompétence flagrante, des manières de rustre et une dégaine de loubard : on se croirait face à une adaptation live de GTO en mode allemand. Donc forcément, il y a de quoi être enthousiaste, mais Onizuka avait un bien meilleur fond que ce Zeki, beaucoup plus brute de coffre et aux manières parfois détestables. Il reste charismatique et sympathique, mais heureusement qu’on peut aussi compter sur une charmante collègue et quelques élèves intéressants, sans quoi le vide scénaristique s’en ressentirait encore plus. Dynamique et efficace, le film fait valoir un humour frais et passe-partout, bien qu’éculant certains clichés avec une paresse effrontée. On sait d’emblée comment ça va se finir, mais ça n’en reste pas moins divertissant, et j’accueillerai personnellement bien volontiers la suite déjà disponible en Allemagne.
Nom de Zeus ! Je viens de me rendre compte de l’ânerie monumentale qu’il y a d’écrit sur l’affiche : 8 000 000 d’euros cachés sous le lycée. Pas tant non, seulement 13 000 y sont dissimulés, et c’est d’ailleurs bien plus cohérent.