Gazon Maudit
1994
Josiane Balasko
Il y a 21 ans, la gay pride et autres rassemblements homosexuels étaient encore mal vus, et s’y montrer étant même dangereux pour la santé, bien qu’aujourd’hui certaines émeutes peuvent tout de même éclater. Tout ça pour dire qu’à l’époque, le sujet était un peu tabou, ou du moins clairement pas aussi banalisé que maintenant avec des films comme le très sulfureux La Vie d’Adèle. Ainsi, quand ce film est sorti, malgré des critiques plutôt réservées (ce qui ne l’a pas empêché de recevoir plusieurs nominations aux Césars avec à la clef le prix du meilleur scénario), son succès fut fracassant, cumulant presque quatre millions d’entrées. Comme quoi, c’était pas tout le temps mieux avant.
C’est bien connu : il faut excuser les hommes pour leurs pulsions primaires où sexe ne rime pas avec amour, alors qu’une femme qui fait ça est une grosse salope. Voilà quelle était la philosophie de Laurent (Alain Chabat), agent immobilier qui offrait souvent quelques extra aux jeunes et jolies clientes lors de ses visites, gageant que sa femme (Victoria Abril) l’attende pendant ce temps là. Seulement voilà, repérée par Marie-Jo (Josiane Balasko), une espèce de camionneuse gouinasse, elle se laissera enivrer par ses flatteries, basculant chez les brouteuses de gazon.
Avec un titre pareil, on pouvait s’y attendre, mais donc je confirme : ils n’ont pas fait dans la dentelle. La Marie-Jo est un prototype de lesbienne outrancier, la femme au foyer délaissée est une espagnole chaude comme la braise, et son mari est chaud lapin mais loser invétéré, reprenant pas mal de son humour des Nuls, ce qui est une bonne chose, mais ils n’étaient pas non plus réputés pour leur finesse. Du coup, on enchaîne les gags bien gras et visuels, assurant une partie du boulot, mais sans grande inspiration. Tout est cliché à outrance avec des personnages vus mille fois, des situations pas tellement plus originales, et tout se suit dans une prévisibilité totale. Mais le plus gros problème, c’est qu’on ne croit pas beaucoup à la romance inter-femelles, la faute à une Marie-Jo vraiment trop vulgaire et immonde. Vis-à-vis d’elle, on la comprend largement vu la diablesse séduisante qui se déhanche sous ses yeux, mais entre la lourdeur des personnages, de l’histoire et de l’ambiance, la pilule que personne ne prend passe difficilement. D’ailleurs, en parlant de chose qui passent mal, le quatrième acte de l’histoire nous achève entre la surenchère de mauvais goût et le caractère déplorable de l’évolution. Une vieille comédie bien grasse, qui ne fera plus rire grand monde et dont le caractère révolutionnaire de la thématique est désormais désuet.
« Une vieille comédie bien grasse, qui ne fera plus rire grand monde ».
En ce qui me concerne, à l’époque déjà, ça ne me faisait pas franchement rire.