Les Jardins du Roi
2015
Alan Rickman
Immense acteur britannique à l’élégance et à la classe légendaires, Alan Rickman nous revenait il y a quelques mois avec son second film en tant que réalisateur, 17 ans après sa première tentative. L’histoire peut s’avérer décevante, et l’homme ne s’est pas toujours montré à la hauteur de sa noblesse, surtout envers les femmes. Pour pallier à ce manque et nous redonner espoir en notre espèce, le cinéaste nous propose une reconstitution historique sublimée de la grande époque de la France.
Quand on est roi, on marque forcément l’histoire, mais pour ne pas être un parmi tant d’autres, Louis XIV (Alan Rickman) voulait laisser derrière lui un témoignage de sa grandeur et la splendeur de son royaume. Souhaitant s’établir en campagne, à Versailles, il va commander au grand jardinier Le Notre (Matthias Schoenaerts) la construction de jardins somptueux sans pareil dans le monde. Cherchant à s’entourer des plus compétents et inventifs, il va recruter Sabine De Barra (Kate Winslet), complètement chaotique et loin de ses critères de rigueur, mais à l’inventivité inspirante.
Ah la la, si seulement c’était vrai… J’aurais aimé me dire qu’une femme fut l’une des principales architectes de la réussite des jardins de Versailles, mais ça n’est pas le cas. Point de femmes fortes et respectées à l’époque, ou du moins pas celle la. Du coup on peut se mettre à douter de tout comme le film est une fiction, notamment en ce qui concerne l’homosexualité du frère du roi, interprété par Stanley Tucci. On aurait aimé se dire que notre roi Soleil était quelqu’un d’aussi bon, et que cet après-midi au jardin n’était pas qu’une fable. Et c’est là toute la force du film : c’est tellement beau, simple et chaleureux qu’on aimerait y croire, qu’on se prend au jeu et qu’on adhère à ce point à son histoire. Il faut dire que la beauté des décors, la propreté de la réalisation, la grandeur des costumes et l’immense talent des acteurs fait pour beaucoup dans cette immersion. Le récit manque un peu d’originalité et de fougue pour qu’on puisse parler d’œuvre majeure, mais l’expérience n’en reste pas moins enivrante.