Crimson Peak
2015
Guillermo del Toro
Bête noir d’Hollywood, chouchou du public, Guillermo del Toro est incontestablement un immense réalisateur aux films atypiques, mais très peu d’entre eux sont suffisamment rentables, et ces dernières années il se bat en vain pour offrir une conclusion à sa saga Hellboy, dont les deux premiers furent des échecs, et une suite à l’énorme Pacific Rim, malheureusement éclipsé par le succès de Godzilla dont l’univers étendu va occupé la Warner, détentrice des deux franchises et qui préfère miser sur le lézard plutôt que sur les robots. Il faut donc bien s’occuper entre deux reports, annulations ou relances, alors l’homme s’est attelé à rendre hommage aux films d’horreur italiens d’antan. Mouef.
Si la vie est facile quand on évolue dans un milieu aisé, ne rien avoir à faire peut vite être pesant. Pour Edith Cushing (Mia Wasikowska) cela n’est pas amusant tous les jours, voyant ses rêves d’écrivaine brisés chez chaque éditeur, et n’ayant comme aspirant qu’un simple docteur gentillet (Charlie Hunnam). Mais un jour, un homme excentrique, la tête pleine d’inventions, va faire irruption au bureau de son père pour y soumettre quelques idées : Sir Thomas Sharpe (Tom Hiddleston). Il va immédiatement tomber sous son charme et la ramener chez lui et sa sœur (Jessica Chastain), à Crimson Peak. Le début d’une belle idylle ? Entre un état de délabrement avancé, des apparitions terrifiantes et un froid tenace, pas sûr…
Vendu comme une romance-gothique terrifiante, signée par le grand maître Guillermo del Toro, le film est une déception sur presque tous les points. La romance n’est pas très aboutie, le film ne fait pas souvent peur, et surtout le style du réalisateur est totalement absent. Quelques plans sont pas mal esthétisés, le travail sur les couleurs et les éclairages sont sympas, de même que les décors et les costumes, mais on ne retrouve pas un instant la folie créative du génie des bestiaires et sa réalisation est très classique, prévisible et fonctionnelle. L’histoire aussi manque d’inventivité, sonnant plus comme une redite qu’un hommage. Le prestigieux casting rempli pour sa part son rôle, sans étinceler pour autant. Néanmoins, pas grand chose à reprocher au film : il y a du grandiose dans le visuel, les personnages sont intéressants, l’ambiance pesante et le scénario est correct. Du solide donc, mais ça manque ironiquement de personnalité, et l’originalité fait défaut.