L’Homme qui rétrécit

L’Homme qui rétrécit
1957
Jack Arnold

Dans notre société moderne qui ne cesse de plaindre les droits de la gente féminine, il y a pourtant une forme de pression sociale qui leur est étrangère : la taille. Si une femme belle trouvera un prétendant quelle que soit sa taille (hauteur bien sûr, une naine passe toujours mieux qu’une obèse), pour l’homme c’est tout le contraire. Tant qu’il est grand, même s’il est enrobé ou tout sec, il séduira plus facilement qu’un homme de petite taille, même si ce dernier est plus musclé et plus beau. Plus qu’un signe de virilité, c’est la nature même de l’homme qui est défini par sa taille.

Dans ce contexte où un petit homme n’en est pas vraiment un, Scott Carey (Grant Williams) va vivre une descente aux enfers terrible. Exposé à un nuage radioactif lors d’une virée en mer (encore un coup de Chirac ?), il va commencer à subir quelques modifications physiques quelques mois plus tard. Beau mâle de 1m83 au sommet de sa forme, six mois plus tard il avait perdu cinq kilos et trois centimètres. Rien d’alarmant à première vue, mais le phénomène va s’accélérer, rétrécissant à vue d’œil d’un jour à l’autre…

C’est fou ça, un nuage radioactif et pouf, ça peut vous donner de supers-pouvoirs. Comment ça rétrécir n’est pas un super-pouvoir ? Ah bah si, demandez à Ant-Man ! Symptomatique de son époque, le prétexte pour faire rétrécir le héros est donc assez bidon. La question n’est alors plus si l’histoire est réaliste mais si elle est intéressante. Comment les gens vont réagir, notamment le principal concerné, et jusqu’où va-t-il rétrécir ? La première partie, bien que reposant sur des bases invraisemblables, se laisse suivre sans mal, d’autant que les personnages principaux sont assez charismatiques. Le spectateur, sachant d’emblée que le rétrécissement est effectif, se positionne de lui-même comme omniscient et s’amusera de la bêtise première des médecins et scientifiques. Un peu potache, le film est par moments sympathique, nous perdant déjà plus dans les moments plus solennels. Sans trop en dévoiler, la seconde partie se la joue pas mal Jules Vernes, mais sans en avoir le panache. Pour l’époque les effets sont globalement bluffants, mais il n’empêche que le film n’aura pas su au final traiter de façon intéressante son sujet, perdant le côté humain à l’image de la fille du cirque qu’on ne reverra jamais. En basculant dans le grand spectacle, le film y sacrifie son caractère humain et son réalisme, n’arrivant plus à gérer les rapports de taille-force et insultant l’intelligence et l’odorat des chats. Visuellement le film propose des concepts jamais vus à l’époque et c’est assurément révolutionnaire, mais le reste pèche indéniablement et je ne suis pas sûr que l’intérêt soit encore là.

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