Ant-Man

Ant-Man
2015
Peyton Reed

Et voilà, c’est la fin de la seconde phase du Marvel Cinematic Universe, qui avait commencé juste après le premier Avengers avec Iron Man 3, soit six films, tout comme la première phase. Deuxième de la phase à faire son entrée après Les Gardiens de la Galaxie, Ant-Man faisait lui aussi parti de ces comics moins populaires, donc probablement moins apte à rassembler autant que ses aînés. Certes présent dans chacun des films Marvel en grande quantité, l’humour devait être la marque de fabrique de ce nouveau, et c’est pourquoi le géniale Edgar Wright devait le mettre en scène, mais à l’immense déception générale à cause d’un studio trouvant que l’aspect héroïque était quasiment passé à la trappe dans la première version et souhaitant d’importants changements, la légende jeta l’éponge, au profit d’un réalisateur de comédies lambda, bien que son nom soit encore crédité de partout au générique. Du coup, le film a fait l’un des moins bons démarrage de l’univers étendu, mais avec de bonnes critiques, un redressement de situation pourrait arriver, et il faut l’espérer car le film est loin de démériter.

Mélangeant les comics des années 60 et 80, le film ne conte pas l’histoire d’un seul, mais des deux Ant-Man. Héros de l’ombre lors de la guerre froide, l’inventeur originel de la combinaison rétrécissante de l’homme-fourmi, Hank Pym (Michael Douglas), capable de donner une force humaine à un guerrier de la taille d’un insecte, va se retrouver dans une situation délicate. Son ancien assistant qui a depuis reprit les rennes de son entreprise n’a jamais digéré la « disparition » de la technologie de rétrécissement, que Hank a volontairement caché pour en éviter des utilisations dangereuses, et est aujourd’hui en passe d’en créer sa version. Pour la lui dérober, Hank va faire appel à un expert en cambriolage : Scott Lang (Paul Rudd). Avec l’aide de la fille du créateur (Evangeline Lilly) pour le former, il deviendra à son tour Ant-Man.

Le film aurait pu être le meilleur Marvel, mais il se trouve qu’Ant-Man est, pour l’instant, le pire héros de son catalogue. Ce film est absolument génial, sauf pour tout ce qui touche à l’armure et à ses pouvoirs. On avait déjà eu ça pour Les Gardiens de la Galaxie avec un Star Lord peu inspiré sous son costume, mais alors là on touche le fond du fond. Non seulement le design du costume est ignoble, ses pouvoirs sont bidons (il n’a aucun pouvoirs si ce n’est celui de pouvoir rétrécir, et cela ne garanti même pas son invisibilité comme nous le prouve la scène avec Le Faucon (Anthony Mackie), aussi sympathique soit elle), et malgré de bons running-gag, sa télépathie avec les fourmis ne convainc pas. De même, les scènes d’action semblent un passage obligé, et même si de bonnes idées visuelles et comiques s’y trouvent, l’intérêt du film n’est pas là, et tout du long on se dit que la version de Edgar Wright aurait été infiniment plus intéressante. Pour autant, le film reste bon, car le parti prit d’en faire avant tout une comédie a survécu.

Si Ant-Man est totalement inintéressant, son antagoniste l’est beaucoup moins. Qu’il soit père divorcé (d’avec Judy Greer) et cherche à renouer avec sa fille est basique, mais qu’il sorte de prison parce qu’il est un cambrioleur professionnel change la donne. Il n’est pas un héros tout blanc ou tout noir, et le voir exceller dans un domaine illégal est classe, d’autant que pour le faire il est particulièrement bien entouré. Dans un trio d’accompagnement improbable, on retiendra l’hilarant Michael Peña avec ses sources d’une fiabilité douteuse, qui nous offre de réels moments d’anthologie. Du coup, si on excepte la mention super-héroïque, on tient là une grosse comédie extrêmement efficace, doublé d’un film de braquage ingénieux, et la combinaison marche très très bien, surtout que les acteurs sont bons et leurs personnages intéressants. Malheureusement, le côté Marvel est tout de suite moins réjouissant, et si les références aux Avengers font plaisir et qu’on est curieux de voir ce que l’arrivée du personnage pourrait amener, le comics fut clairement un frein artistique et scénaristique au film, et le résultat aurait été incomparablement meilleur avec une plus grande liberté d’action et un côté comique encore plus poussé, beaucoup trop délaissé dans la seconde moitié. La qualité Marvel n’est plus à démontrer, et cette origin story est très bonne, mais il y avait encore mieux à faire, une certaine personne pouvait le faire, et on l’a bridé, frustré, et abandonné. Une impressionnante somme de talents furent à l’œuvre, mais le film se retrouve limité par un comics mauvais que les repreneurs n’ont pas su transcender.

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