Anora


Anora
2024
Sean Baker

Pourquoi n’avais-je pas rattrapé ce film ? Manque de temps ? Certes. Une Palme d’or à Cannes ? Nous y voilà. Si déjà un prix aux Césars est désormais une vaste blague, un prix à Cannes est presque révélateur d’un style « radical », pour ne pas dire insupportable pour le commun des mortels. Oui mais voilà, la cérémonie des Oscars est passée par là, et le devoir s’appelle pour les cinéphiles puisque sur six nominations, le film a raflé cinq prix : meilleur montage (mouef), meilleur scénario (arf), meilleur actrice (à la rigueur), meilleur réalisateur (pas tellement), et surtout carrément meilleur film. Et autant dire que malgré toute la sympathie que j’ai pour le film, c’est plutôt du grand n’importe quoi.

Connaissez-vous les strip club ? Difficile pour un français notamment, ce genre d’établissement étant interdit, mais donc il s’agit d’un bar où les femmes sont nues et la frontière avec la prostitution est mince. Une limite que Anora (Mickey Madison), dit Ani, va franchir allégrement en devenant l’escort girl (prostituée / petite amie payante) du fils d’un oligarque russe des plus fortuné. Comment résister face à l’appel de l’argent ?

En vrai l’histoire du film est assez intéressante, dans la même thématique que The Substance, à savoir montrer toute l’hypocrisie de la société et du féminisme en général. C’est bien beau de vouloir défendre l’égalité et des valeurs morales, mais quand on a le physique qui faut, autant en tirer partie pour engranger un max, quitte à se mettre soi-même des œillères pour accepter sa condition avec plaisir. J’aime personnellement beaucoup ce cynisme, et globalement l’humour du film m’a beaucoup parlé, s’inspirant clairement des frères Coen avec un absurde digne de Burn after reading. Le film traite très bien d’ailleurs ses deux parties, la première moitié étant dans la veine des premières saisons de Elite, avant que ça ne parte trop en vrille, sur comment bruler la chandelle par les deux bouts avec une richesse indécente. La seconde dévoile plus son décalage humoristique, dans une traque loufoque montrant toute la bêtise humaine, avec un parallèle intéressant à faire avec les sept péchés capitaux. Rien de révolutionnaire ou brillant outre mesure, mais on retiendra notamment l’homme de main touchant dans son côté naïf et prévenant. C’est d’ailleurs affolant comment c’est probablement le prix qu’il méritait le plus qui échappe au film : celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Yura Borisov. Si dans l’ensemble le rythme est assez bon, la fin fera partie des points négatifs importants, avec tout ce qui suit le retour assez mou, trop étiré, et avec une fin qui arrive un peu par défaut. Meilleur film ? C’est vraiment n’importe quoi, mais ça reste une proposition originale et amusante.

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