Moi y’en a vouloir des sous

Moi y'en a vouloir des sous
1973
Jean Yanne

Difficile de s’y tromper avec un titre pareil : c’est du Jean Yanne ! Véritable pilier du cinéma français, ce géant au torse densément poilu nous a malheureusement quitté en 2003, alors âgé de 69 ans, mais pas sans nous avoir laissé un immense patrimoine culturel. Mais plus qu’acteur, son grand rêve était d’être réalisateur, qui, pour lui, représentait le stade ultime du cinéma : le type pénard sur sa chaise à brailler des ordres. Ce fut chose faite avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, son premier film. Et pour son second, il s’en prend au capitalisme !

Dans une France de fainéants qui passe plus de temps à faire grève que travailler, Benoît Lepape (Jean Yanne) est embêté. Lui qui est issu d’une famille d’ouvriers que défend fièrement et sûrement son oncle, Adrien (Bernard Blier), président du syndicat, il travaille en tant que conseiller pour l’un des plus grands groupes d’investisseurs et leur rapporte des milliards (c’était en anciens franc je précise). Il décide donc de tout plaquer pour s’allier au syndicat et de lutter contre les patrons en utilisant le capitalisme pour s’enrichir.

Cohue de manifestations d’ouvriers et de femmes scandant « liberté, égalité, sexualité » (nous excitant, au vu de la beauté générale, exception faite de quelques travelos incrustés, plus que nous indiquant un râle-le-bol féministe) et parade policière ouvrent le bal marqué sous le signe de l’argent : les patrons en ont, les ouvriers en veulent. Et tout le monde en prend pour son grade : tous plus cupides les uns que les autres. Cela donne une magnifique première moitié hilarante entre un Jean Yanne parfait en arriviste de première, un Bernard Blier impayable qui ne recule devant rien pour se payer un siège digne de ce nom pour son syndicat, et Michel Serrault en curé pas très religieux. Le renversement qui suit est splendide avec Benoît Lepape qui devient l’homme le plus riche de France et son oncle qui tente de récupérer sa fibre morale à grand coup de « oh le fumier ! » et tentant par tout les moyens de le faire craquer, mais son génie et sa classe sont bien trop forts. Un principe simple, efficace et à l’humour incomparable. Du bon gros film franchouillard qui régale. Malheureusement, la seconde moitié du film flotte, perd en rythme et connait même de gros passages à vide et nous impose l’habituelle potiche, jolie mais inutile, comme il en pullulait dans le temps. Mais la fin nous réconciliera assurément en clôturant le film comme il a commencé : dans la joie, la bonne humeur et l’humour.

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