Très timide à sa sortie (274 862 entrées sur tout juste une centaine de cinémas), le film s’essaye pourtant à un genre assez rare en France : le Thriller. Sorte d’évolution du film Policier, qui se limite à la vision du ou des enquêteurs (forcément apparentés aux forces de l’ordre), il repose lui aussi sur une quête de vérité d’où le film tire son suspense. Ainsi, comme le film n’est pas exclusivement centré sur la police, il s’agit d’un Thriller.
Le film prend sa source au Canada, là où vit Sophie Malaterre (Karine Vanasse), une jeune femme qui a décidé de sa payer des vacances via « switch.com », un site qui propose de changer son logement avec une autre personne. Elle jette alors son dévolue sur l’appartement parisien d’une certaine Béatrice, pour y passer deux semaines. Mais au premier jour, la police la réveille et l’arrête pour double homicide. Confronté au commissaire Forgeat (Eric Cantona), elle tente de lui prouver qu’elle est Sophie Malaterre, et non Béatrice, et qu’elle est victime d’un complot, mais en vain… Les preuves contre elle sont accablantes et le passé psychiatrique de son bourreau la prive de toute contestations. Pour retrouver sa vie elle n’a pas le choix : elle doit fuir et retrouver l’usurpatrice.
On en avait le pressentiment : une banale histoire de coup monté avec une victime indéfendable. Et bien tout les pronostiqueurs vont tomber de très haut : le film dépasse de très loin toutes les attentes et va bien plus loin encore. Oui, il y a bien faussaire, de même que la police prouve toute son efficacité aoûtienne, mais c’est sans compter sur le talent et le professionnalisme d’un Eric Cantona bluffant et imposant dans un rôle sur-mesure interprété magistralement. La québécoise Karine Vanasse est elle aussi une sacré révélation tant elle donne un dynamisme et une force de caractère à son personnage aussi attachant qu’impressionnant de déterminisme. Mais ce qui force le plus le respect, c’est bien le scénario. Ecriture parfaite et cohérence sans faille, le film allie continuité logique et rebondissements rocambolesques avec un naturel déconcertant. Seul regret : sa fin beaucoup trop abrupte alors qu’on aurait expressément aimé se poser un peu après une telle course éreintante.