C’est une évidence pour tout le monde, Christophe Colomb n’a pas découvert l’Amérique en premier. En effet, d’anciennes cartes et autres récits, de même que certains vestiges sur place, témoignent de l’antériorité de cette découverte par les vikings. Partant de ce principe, n’importe qui aurait pu y accoster par pur hasard en naviguant à l’aveuglette. De là est parti l’idée du film.
L’histoire prend racine en Ecosse alors que des clans rivaux font combattre leurs esclaves. L’un d’eux, surnommé le borgne (Mads Mikkelsen) à cause de ça regrettable particularité oculaire, particulièrement robuste et vigoureux, est sorti victorieux tellement de fois que son propriétaire lui a rendu sa liberté. Errant sur ces terres rudes, il viendra en aide à un jeune garçon abandonné, avant de rencontrer une petite armée de templiers. Leur promettant richesse, gloire et reconnaissance divine, il accepta de rejoindre leurs rangs pour partir conquérir Jérusalem et la rendre à Dieu. Mais entre un océan plat et un brouillard persistant, les pauvres se perdirent dans la brume et amerrirent en Amérique. L’enfer ouvre ses portes…
Dès le premier contact avec le film, on le sent, ça n’est pas du cinéma classique. La narration est des plus déroutantes car le film sera tronqué assez brutalement et maladroitement à six reprises, correspondant à six actes carrément annoncés, de quoi en déstabiliser plus d’un. Autre fait étrange mais déjà plus fréquent : le héros ne parle pas. Par contre, on sera déçu que rien ne soit révélé sur sa personne bien mystérieuse, tout juste peut-on présumer de faits troublants. De manière générale, l’histoire partait d’une idée excellente, mais elle reste vraiment minimaliste. Du coup, elle s’étire difficilement sur l’ensemble du film et en résulte un rythme affreusement lent. Heureusement, pour tout de même apprécier un temps soit peu la traversée, la réalisation est exceptionnelle. Décors somptueux, image irréprochable, et jeux de lumières étonnants, le film est une jouissance graphique qui se laisse décortiquer longuement vu l’éternité de chaque séquence. On pourra aussi compter sur un casting peu connu mais efficace pour tenter d’attiser notre intérêt. Mais c’est peine perdue, tout ce travail et ce professionnalisme sombrent dans un vide scénaristique et rythmique. Une belle mais lente agonie.