Alors que la fin du monde approche inexorablement, nous frappant même le 21 décembre prochain à 0h30 selon certains, voici tout de même une vision de ce que pourrait être notre Terre dans cent ans. Adaptation d’une nouvelle de Brian Aldiss, réalisé par l’un des rares à pouvoir mettre 100M$ dans une œuvre de science-fiction – Steven Spielberg -, le film se déroule dans un contexte de crise majeur. Malgré l’arrivée imminente de la prochaine aire glacière, notre géographie s’est retrouvée bouleversée par la fonte des glaces aux pôles, due aux modifications thermiques propres à la glaciation, recouvrant de ce fait certaines grandes villes trop proches du niveau de l’eau tels New-York ou les Pays-Bas en général. Et l’amélioration de la médecine prolongeant la durée de vie, notre planète croule sous sa sur-population, obligeant le contrôle des naissances, nécessitant dorénavant un permis.
Dans cette optique de réduction de population, le professeur Hobby (William Hurt), grand contributeur de l’évolution du domaine de la robotique, s’apprête à enrichir son monde d’une toute nouvelle évolution : les sentiments. Désormais, sa nouvelle gamme de robot est programmée pour aimer, ressentir les choses bien au delà de la simple connaissance de l’interaction, et même de rêver et d’avoir sa propre liberté intellectuelle. Pour toucher le plus pertinemment possible le public, son nouveau robot David (Haley Joel Osment) sera un enfant, palliant ainsi à l’interdiction de reproduction. C’est ainsi que la famille Swinton a décidé d’adopter le tout premier David, le liant éternellement à sa mère par amour programmé et ineffaçable. Mais son rôle était de remplacer leur fils malade. Et à son retour, son caractère inhumain terrifiant refit surface, le rendant indésirable. Pour ne pas avoir à le faire démolir, sa mère préférera l’abandonner en pleine nature, le laissant seul avec les autres rejetés, comme Gigolo Joe (Jude Law), robot à plaisir fuyant la justice.
Certes, le dynamisme n’est pas la marque de fabrique de Spielberg, mais il faut dire que ce film peut paraître ennuyeux. Le début est même très étrange et décalé avec cette connexion surréaliste entre David et sa mère, dans une ambiance malsaine quasi téléfilm avec le cadre restreint et la pauvreté des décors. D’ailleurs, le budget ne fait mine de se montrer qu’au bout de 80 minutes avec la ville rouge, mais de manière général la patte graphique n’est pas très bonne et la vision futuriste n’est ni travaillée, ni originale. Mise à part la vision de Manhattan sous les eaux, le design du film fait kitch et impersonnel. Pire encore, le déroulement du film est sans surprises, du moins jusqu’à son final grotesque tiré par les cheveux. De bout en bout un problème se pose et dérange : d’où sort l’énergie des robots ? Le genre de détail qui ôte toute crédibilité, à supposer que cette transposition robotique de Pinocchio puisse en avoir. Car oui, malgré sa prestation dans Sixième Sens, Haley Joel Osment est très loin de porter autant le film, la faute à son personnage prêt à dire « je veux jouer, on va bien s’amuser » (cf X-Files) et qui nous fera peur tout du long. Donc comment s’attacher dans pareil cas ? Il n’y à guère que Jude Law qui soit un vrai bon personnage, en mode auto-parodique. Le film est-il pour autant à jeter ? Non, n’abusons pas. On sent tout de même la main du maître et il faut reconnaître au film une dimension poétique touchante, et que l’idée de départ est franchement bonne. En fait, le film aurait pu être un chef-d’œuvre si un plus grand travail de cohérence ai était fait, le style futuriste plus tranché, et les relations hommes / robots mieux évoquées. L’Homme Bicentenaire offrait déjà une vision plus pertinente de l’évolution robotique, et une approche beaucoup plus percutante et émouvante. Un film qui en restera donc au niveau des attentions, et qui ne touchera probablement que les plus jeunes. Une belle déception de la part de l’un des génies de la science-fiction.
Parler d’IA sans parler de Stanley Kubrick, c’est très fort !
Même s’il est mort avant le début du tournage, c’est quand même à lui (plus qu’à Brian Aldiss) qu’on doit le scénario. Pour ce qui est du visuel, il est parfaitement travaillé, et le côté froid et malsain du monde civilisé est extrêmement bien réussi. Si tu as vu en ça un côté kitch, c’est que tu n’as rien compris !
Pour la source d’alimentation des robots, il n’y a qu’à toi que ça a posé un problème !
Pourquoi est-ce qu’ils n’auraient pas de centrales nucléaires, tout bêtement ? Ou plus simple, des panneaux solaires ? Et si on est un peu visionnaire, pourquoi pas l’énergie de vide ?
Je n’ai pas jugé pertinent de parler de Kubrick dans la mesure où le scénario a été en grande partie réécrit. Après côté design, la maison est classique et les villes font carrément rétro avec des couleurs flash et des enseignes tape-à-l’œil digne de retour vers le futur II. Donc kitch.
Et pour ce qui est de la source d’énergie, ça aurait tout de même mérité une petite explication. Surtout que des circuits électriques immuables, c’est balaise !
Euh… non, le scénario n’a pas tellement bougé. J’ai vu un documentaire sur le film, et ils montraient des dessins faits par Kubrick, et c’était assez fidèle à ce qu’il s’est réellement tourné.
Pour ce qui est du futur, moi je trouve celui d’IA plutôt bien fait, et loin d’être kitch. Si tu veux du futur kitch, regarde iRobot…
Et pour la source d’énergie, franchement, on s’en fiche un peu… Et pour les circuits, rien ne dit qu’ils soient immuables ! Ils durent effectivement quelques années, mais quel PC ne dure pas au moins dix ans ?
Après, pour le cas particulier de David, il ne faut pas oublier qu’il est resté dans la glace. Tu prends n’importe quel ordinateur, tu le mets dans un endroit sec, à l’abris du vent et de la poussière, pendant des centaines d’années. Je ne vois pas pourquoi il ne démarrerait pas tout à fait normalement après cette hibernation.