Margin Call

Margin Call
2012
J. C. Chandor

Si elle régit une grande partie de l’économie mondiale, et a donc une immense influence sur nos vies, bon nombre de gens ignorent tout du marché boursier. Le principe est pourtant simple : tous les produits, les matières premières, et plus généralement des part d’une société (les actions), existent et peuvent s’acheter virtuellement. En dehors de quelques particuliers, les principaux clients de ses placements financiers sont les banques, qui gèrent des fonds spéculatifs à l’aide de trader, des rois de la vente chargés d’anticiper le marché et en prédire les tendances. Mais ce monde s’est écroulé en aout 2007, quand la bulle spéculative a explosé. Le film nous propose donc une plongée au cœur du service spéculatif d’une banque.

Alors qu’elle pensait avoir survécu à la crise économique et à l’effondrement des marchés, y trouvant même de belles opportunités dans le malheur des autres, une banque décide tout de même de s’alléger d’une grande partie de ces effectifs. – Eh oui, aux Etats-Unis on peut licencier sans motifs ni préavis. – Parmi eux, Eric Dale (Stanley Tucci), responsable du service d’évaluation des risques. Arrêté en plein travail sur les finances de la banque, il n’aura de choix que d’en confier la tâche à son successeur, Peter Sullivan (Zachary Quinto). Il y trouvera une irrégularité dans son algorithme de pertes, acceptant un tel niveau que les dettes ont atteint la valeur de l’entreprise. La situation est critique, et pour le directeur général (Simon Baker), ils n’ont d’autre choix que de liquider tous leurs produits avant que leur situation ne soit connue, quitte à ruiner le marché boursier, sans quoi ils feront faillite.

À l’image de la folie de Wall Street, les événements du film se dérouleront tout juste sur deux jours, néanmoins sans pause au milieu. Quand un drame menace de mettre à genou l’entreprise, nuit ou pas nuit, on se doit de régler le plus vite et au mieux le problème. On notera au passage que la hiérarchie y est impressionnante avec Paul Bettany en chef trader, Kevin Spacey en chef des opérations de ventes, Jeremy Irons en président de la société, et Demi Moore en chef d’une autre branche. Et tout ce petit monde se retrouvera en pleine nuit pour tenter de sauver les meubles, tout en n’oubliant pas les intérêts de chacun. Un scénario qui ne paie pas de mine à priori, et pourtant la quasi unicité de lieu et de temps, le charisme des personnages, et surtout le mélange d’accessibilité et de technicité autour d’un thème loin d’être universel, rendent l’expérience enrichissante, pas seulement pour le suspense autour du probable krach boursier. En effet, le film montre des hommes intègres et moraux pour la plupart, bien que tous fassent passer l’argent avant tout, donc la morale a toujours un prix, apportant une touche d’humanisme non négligeable, mais teintée d’une douce ironie cupide. Bien ficelé, bien interprété et dynamique, le film se révèle très intéressant.

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