Pour cette préquelle au Magicien d’Oz, célèbre roman de jeunesse écrit par L. Frank Baum, on retrouve un grand nom du cinéma, s’étant déjà frotté à de gros films : Sam Raimi. Et pourtant, son travail sur la saga Spider-man fut assez décevante. La comédie musicale de 1939 est considérée comme un grand classique du genre, mais sa notoriété vaut surtout aux Etats-Unis. D’ailleurs, les résultats en salle à l’étranger pour ce préquel furent très décevants : 257 M$, à peine plus que les 237 M$ natifs. Barrière culturelle, déception ou simple mauvais goût américain ?
Oscar Diggs (James Franco), est un petit illusionniste de pacotille qui œuvre dans un cirque du Kansas, dépouillant les crédules et trompant les jolies filles avec le même numéro de la boîte à musique. Le spectacle d’Oz, « le grand et magnifique » : une vie de menteur parfaitement bien rodée. Mais un jour de tempête, s’enfuyant à bord d’une montgolfière, il fut prit dans une tornade, l’emmenant dans un pays magique et coloré. Accueilli par Theodoria (Mila Kunis), une des trois sorcières du royaume, il apprend que le peuple attend depuis de longues années celui de la prophétie : le magicien Oz, qui hériterait du trône. Le hasard était trop beau, et Oscar se jeta immédiatement sur la situation, prétendant être l’élu. Seul hic, pour accéder à la richesse éternelle, il devra tuer la sorcière maléfique : Glinda (Michelle Williams). Mais arrivé face à elle, il apprit la terrible vérité : Evanora (Rachel Weisz), la troisième sœur, est en réalité la méchante sorcière.
Il est vrai que l’histoire de base – bien que ne racontant pas ce pan de l’arrivée de Oz et étant par là même un conte original – est destinée aux enfants, mais tout de même. Un magicien de cabarets, qu’on imagine être évidemment celui de la prophétie, plongé dans un royaume où se querellent trois sorcières, on pouvait espérer mieux. D’autant que l’univers proposé est tout sauf imaginatif ou spectaculaire. Quand on se retrouve face à une poupée en porcelaine, un peuple de moustachus et un autre de barbus, le seul mot qui nous vient à l’esprit est « navrant ». Le petit singe ailé n’a rien de bien convaincant, le palais d’émeraude est laid, et le portrait de sorcière est indigne. Et pour un film qui a coûté la bagatelle de 215 M$, le moins que l’on pouvait attendre était une qualité visuelle à toutes épreuves, mais le résultat est très loin d’être beau : les effets spéciaux sont tout juste corrects, les monstres et la végétation sont très mal réalisés, et les incrustations de décors et personnages numériques sont carrément atroces, nuisant à une histoire déjà bien faible. Le casting aurait pu rattraper un peu le coup, mais les personnages sont trop caricaturaux et peu travaillés, diminuant largement leur sympathie. Pour un film familial si ambitieux, le résultat fait peine à voir, et seuls de jeunes enfants auront l’indulgence nécessaire pour y trouver là un bon divertissement, les autres s’ennuieront d’un tel manque de profondeur.