Disparue
2012
Heitor Dhalia
Dans un film, qu’importe sa qualité, un bon peut être plombé par de mauvais choix de fin, de même qu’un quelconque peut atteindre des sommets insoupçonnés grâce à un dénouement brillant. Ici, c’est malheureusement la première option qui s’appliquera. Pourtant, le sujet était clairement prometteur.
Il y a quelques années, Jill (Amanda Seyfried) s’était fait kidnapper : emportée dans son sommeil, elle fut séquestrée dans un trou au fond des bois, sauvée par miracle (mais surtout double bêtise : genre que le gars ne prend aucunes précautions et cruchalus totalus qui laisse gentiment la corde pour remonter à son agresseur). Seulement voilà : elle possède des antécédents psychiatriques, et son histoire fut étouffée par la police. Et aujourd’hui, quand elle constata l’enlèvement de sa sœur avec une scène de crime comparable, elle pensa immédiatement au retour du serial killer qui enterre des filles au fond du trou dans les vastes bois de Portland. Mais devant les moqueries des autorités, croyant voir là une banale fugue d’une femme fuyant sa tarée de sœur, elle comprit qu’elle serait seule.
Si le film commence pas mal du tout, il faut déjà reconnaître un brouillard assez monstrueux entre flash-back et réalité. Plus d’un pourraient s’imaginer la copine Sharon (Jennifer Carpenter) être une troisième sœur enlevée entre le premier enlèvement et celui de Moly, qui est en fait la seule sœur de l’héroïne, et on ne peut que potentiellement le comprendre vers la fin, provoquant un certain étonnement pour les habitués des multiplicités d’époques, effet scénaristique très prisé et efficace. Mais bon, on la suit malgré tout dans sa traque vengeresse où l’improvisation est un peu trop présente, la chance étant un facteur largement sollicité. Du coup, le spectateur s’énerve doublement entre la police qui passe pour des fumistes criminels et la Wonder Woman pas très fut-fut. Mais le point fédéral est vite mit en exergue par la quasi certitude d’une présence du criminel – ou au moins une complicité – au sein des forces de l’ordre, soupçon confirmé par une simple phrase : « pourquoi crois-tu qu’ils aient arrêter les recherches si tôt ? ». Puis au final, la confrontation est bidon, la complicité indiscutable effacée, et plus rien n’a de sens. Disons le franchement : la fin est stupide, invraisemblable et ne récompense aucunement cette montée en suspense que fut la traque. Dans de pareilles conditions, à quoi bon ?