Quai d’Orsay

Quai d’Orsay
2013
Bertrand Tavernier

S’il n’est pas rare de voir des bandes-dessinées titiller les politiques, en voir une centrée sur ce milieu est déjà moins commun, attisant la curiosité du réalisateur Bertrand Tavernier, malheureusement pas bien brillant dans sa filmographie. Froidement déconseillé par un proche et encensé par un article du Figaro, ni une ni deux mon opinion était déjà établie : un calvaire annoncé. Mais que sait-je, la curiosité ? L’envie d’alerter mes chers lecteurs sur un ennui profond ?

C’est encore lui, il est partout : Raphaël Personnaz (Arthur) nous invite à visiter l’envers de la politique au sein même d’un haut lieu de pouvoir, le Quai d’Orsay. Convoqué par le premier ministre Villepin Taillard (Thierry Lhermitte), ce dernier souhaiterait faire de lui son attaché au langage : celui qui écrit chaque discours qu’il prononce. C’est la panique en ce moment au gouvernement entre un accord tendu avec l’Allemagne, la guerre en Palestine, les essais nucléaires en Corée, et surtout une menace qui pèse sur le Louzemenistan (un pays musulman fictif en proie aux violences). Un honneur de faire parti des hautes sphères du pouvoir ? Aux vus de ses conditions de travail, ça n’est pas si sûr…

C’est à peine croyable : le film est désespérant. Difficile de choisir par quoi commencer tant tout est catastrophique. Qui est cet Arthur ? D’où sort t-il, pourquoi est-il censé être exceptionnel ? Pourquoi le garder quand son travail est constamment dénigré ? Pourquoi semble t-il être insensible aux remarques et surtout pourquoi est-ce une pareille lavette ? Pourquoi Julie Gayet a t-elle été nominée aux Césars alors qu’on ne la voit presque pas ? Et plus grave encore, pourquoi Niels Arestrup a t-il reçu un César alors même qu’il ne semble plus être capable de rester éveillé ? C’est bien simple : tous les acteurs sans exception sont mauvais, voir insupportables comme Lhermitte dont la série sur TF1 semble l’avoir achevé. Autre problème majeur : le rythme, bien que cela soit aussi dû à l’histoire, autre point néfaste. Tout le film consiste en un immense foutoir où chacun gueule pour dire à quel point les discours sont lamentables. Bon déjà, pourquoi ne pas le virer bordel ?! Et puis, un film entier sur des débats d’ego, c’est lourd. Comme prévu, c’est donc très ennuyeux, mais il y avait probablement possibilité de s’en tirer à bon compte avec par exemple une cohérence entre la nervosité des propos et celle des gens, ici de simples légumes amorphes.

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Une réponse à Quai d’Orsay

  1. Julien dit :

    Je ne suis pas du tout d’accord avec ta critique !
    J’ai trouvé le film GÉNIAL ! J’étais mort de rire du début à la fin !
    Mais c’est normal que tu n’ais pas aimé : tu n’as jamais travaillé ; et ce film est une brillante caricature du monde du travail en général, et de l’administration en particulier.
    Cette histoire aurait pu se passer n’importe où : à la Poste, dans une PME, chez PSA, à Pôle emploi, etc. Le fait de placer l’action au Quai d’Orsay donne à ces rapports hiérarchiques un côté dramatique qui donne du relief aux personnages.
    Niels Arestrup est à mourir de rire en vieux blasé, seul type vraiment professionnel de la maison, qui bosse quand il y a du boulot et dort carrément aux réunions qui ne l’intéressent pas.
    Thierry Lhermitte est magistral, et est d’une justesse impressionnante. Il aurait largement mérité d’avoir le César de son confrère danois.
    Si tu trouves le film mauvais, c’est parce que tu ne sais pas que dans certaines boîtes, c’est VRAIMENT ce qu’il se passe.
    Dommage que tu sois passé à côté de ça. Revois ce film dans quelques années.

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