Yves Saint-Laurent
2014
Jalil Lespert
Beau succès de ce début d’année, ce biopic retraçant l’histoire du célèbre couturier-styliste Yves Saint-Laurent (Pierre Niney) avait réuni un peu plus de 1,6 millions de spectateurs. Véritable icône de la mode qui nous a quitté en 2008 (stupéfiant d’atteindre 71 ans avec la vie qu’il a eu), il n’en restait pas moins un odieux personnage aux dérapages intempestifs, et le film les mettra en lumière.
Le film retrace donc une partie de la vie de YSL, celle de 1957 jusqu’à la fin des années 70. À tout juste 21 ans, déjà repéré par la maison de haute couture Dior dont le fondateur venait de mourir, il fut choisit pour en reprendre les rênes. Une période charnière de sa vie, exaltée par ses défilés avec son amie Victoire (Charlotte Le Bon) et subjuguée par sa rencontre avec Pierre Bergé (Guillaume Gallienne), celui qui sera l’amour de sa vie. Mais emporté par le tourbillon médiatique de la gloire, continuellement miné par sa paranoïa et jeté comme un malpropre par Dior, une inexorable descente aux enfers va s’amorcer…
Tous les couturier sont pédé, c’est un fait. Voilà grosso modo à quoi se résume la vision de bon nombre d’entre nous quant à ce genre d’individu. Le monde de la mode peut-être intéressant, Le Destin de Lisa l’a bien prouvé, et en découvrir un peu plus sur ce grand nom du milieu était gageure. Brillamment porté par des talents confirmés, avec même un Pierre Niney si bluffant qu’une future nomination aux Césars est probable, le film avait en effet bon nombre d’atout dans sa manche, sans compter une réalisation de qualité. Malheureusement, le film est miné par deux points d’envergure. L’art du biopic n’est pas évident et presque tous s’y cassent les dents, celui-ci n’y fera pas exception : le rythme du film est tout simplement affreux, avec même une seconde moitié terriblement redondante et interminable. Autre point ennuyeux : la personnalité du héros. Certains diront bravo pour tant d’honnêteté, mais une mauvaise idée reste une mauvaise idée : sa vie est aussi insupportable que lui. Petit enfant roi arrogant, suffisant et manipulateur, il n’aura de cesse que de voir le monde couché à ses pieds. Colérique, alcoolique, junkie, dépressif et tête-à-claque, ses qualité semblent tout juste professionnelles. Sans doute s’agit-il là d’un biopic troublant de vérité et superbement interprété, sauvant grandement les meubles, mais toute histoire n’est visiblement pas bonne à raconter.