Monuments Men
2014
George Clooney
La seconde guerre mondiale fut un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité, et les films abordant ce thème furent extrêmement nombreux, mais presque toujours ridicules et exacerbant. En effet, difficile de garder son sang froid face à des outrageants torchons comme Hannah Arendt, qui ouvrait le débat sur la possible activité cérébrale des soldats nazis et leur statut d’homme, se heurtant à la vision israélienne comme quoi ces choses n’avaient rien d’humaine. La plupart de ces films se retrouvent donc massacrés par un parti prit écrasant, dénaturant la réalité au profit d’une notion toute relative de « devoir de mémoire ». Une tare qui nous frappera une fois de plus…
Le principe même de l’histoire est une hérésie : alarmés par les innombrables dégâts des bouchers américains, adeptes du bombardement à l’aveugle ayant massacré des trésors artistiques inestimables, les allemands ont alors prit la décision, malgré l’imminence de leur défaite, de tenter de sauvegarder les œuvres d’art en plaçant en sécurité. Lui aussi convaincu de l’intérêt de protéger le patrimoine culturel, vaisseau de notre mémoire, le professeur américain Frank Stokes (George Clooney) va alors monter sur pied une équipe de choc pour reprendre ces œuvres aux allemands (mais ça n’a aucun sens ?) : les Monuments Men (Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Jean Dujardin et Hugh Bonneville).
Un film entier ne reposant que sur un mensonge : le décret Néro, consistant à détruire chaque œuvre d’art si Hitler venait à mourir. Une escroquerie de plus pour le gouvernement américain qui avait déjà fait fort à Pearl Harbor, et qui a tenté de se racheter une conduite auprès du monde avec cet acte de « sauvetage ». C’est donc bien entendu ultra patriotique, à un point vomitif, nous jetant à la figure des américains, caricatures de héros – enfonçant le clou en montrant que les étrangers à leurs côtés ne font pas le poids -, et des nazis, monstres suprême à la gratuité légendaire. Mais ça n’en fait pas un mauvais film, juste un stupide. En revanche, avec tout le reste c’est chose faite. En effet, à force de jouer des clichés ambulants, les acteurs s’en retrouvent catastrophiques, il est vrai pas très aidés par une histoire les rendant abrutis, voir antipathiques, et aussi des dialogues d’une inutilité aberrante. Et le bilan ne s’arrête pas là : le cadrage est souvent indigeste, la réalisation fade, et le rythme est clairement problématique. Il ne se passe presque rien pendant toute la première moitié, et la seconde est d’une redondance insupportable, allant d’une mine à l’autre sans autre enjeu que la moisson. L’humour tombe à plat, la violence de la guerre n’est jamais vraiment là, et nul souffle d’émotion ou d’aventure ne se fait sentir. Une déception de bout en bout où l’incompétence et le mauvais goût règnent en maître.