Le Téléphone sonne toujours deux fois
1985
Jean-Pierre Vergne
On peut commencer très bas et « finir » très haut. Voilà ce qui signa les grands débuts des Inconnus au cinéma alors même que leurs noms étaient effectivement inconnus, et il s’en fallut de peu pour qu’ils le restent. Avec à peine plus d’un demi-million d’entrées, le film n’a pas spécialement convaincu avec son idée de parodie de film policier.
Détective privé quelque peu désavoué, Marcel Bichon (Didier Bourdon) pensait pouvoir se refaire un nom en coiffant au poteau la police avec l’affaire à sensation du moment : le serial killer de Paris qui bat à mort des femmes à grand coup de combiné téléphonique. Pour l’aider dans son enquête, il pourra compter sur ses amis d’enfance le barman et le patron de radio, Blacky (Pascal Légitimus), ainsi que sur un journaliste free-lance, Ugo (Bernard Campan).
L’art de la parodie est très difficile à doser, et clairement le film s’y casse les dents. Pour parodier le style polard, le film en reprend obligatoirement certains codes, certains pour les tourner en dérision, d’autres pour y faire écho, notamment le style de montage et de mise en scène. Par la même, le film est presque aussi mou et ennuyeux que la plupart des films du genre, et on se paye une histoire d’enquête elle aussi indigeste, non seulement à cause de son fond très classique, mais aussi à cause de son aspect kitsch totalement raté. Et vient alors le principal problème du film : son ton humoristique est très maladroit, presque grotesque. Quelques rares gags fonctionnent, mais globalement le film n’est qu’une ébauche peu flatteuse de ce que les Inconnus ont fait par la suite. Ça patine, ça se fourvoie dans des running gag trop facile, et plus l’histoire avance et plus le désespoir nous gagne. De plus, ça n’est pas la liste impressionnante de guest qui y changera quelque chose : le film est raté. Et au secours, quelle musique insupportable ! Une idée peut-être louable de base, mais on est pas loin du désastre complet.