La Route

La Route
2009
John Hillcoat

Assurément la peur la plus persistante et récurrente, celle de la mort est souvent matérialisée au cinéma par une fatalité prématurée due à un cataclysme. Ici, pas besoin de virus ni même de zombies pour sceller l’avenir de l’humanité, la nature dans sa plus grande violence se chargera elle-même de rayer la vie de notre planète.

Tout commença par des tremblements de terre, de plus en plus fréquents, puis le ciel s’assombri et les flammes jaillirent du sol. Il existe une dizaine de super-volcans sur notre Terre, dont les émanations sont capables de recouvrir 80% de notre atmosphère, et c’est probablement ce qui était arrivé ce jour là, mais c’est là un bien lointain souvenir. Dix ans se sont écoulés depuis la catastrophe dont les répliques n’ont eu de cesse depuis, les animaux ont disparu, la végétation aussi, et les rares survivants sont à l’affût d’une miraculeuse boîte de conserve, bien que certains ont cédé au cannibalisme. Au milieu de cet enfer, un homme (Viggo Mortensen) tente de survivre avec son fils (Kodi Smit-McPhee).

Très bon film conceptuel sur l’art de survivre dans un monde chaotique, il fait preuve d’un grand réalisme graphique, reposant sur un univers visuellement cohérent. Les techniques de survie sont aussi plutôt bonnes, mais un nombre incroyable d’erreurs viennent un peu gâcher ce constat. Face au froid, à la famine, à un air probablement saturé de souffre et de dioxyde de carbone, face à des eaux logiquement polluées, mangeant à peu près n’importe quoi et souvent périmé, il est impensable d’avoir survécu une décennie entière dans de pareilles conditions. Les immanquables carences et les maladies infectieuses ne permettent clairement pas une vie aussi longue. Alors de là à croiser un Robert Duvall dont l’âge avancé aurait dû être fatal dès la première année… Mais en réalité c’est le principe même du film qui pose problème. Ne pas vraiment savoir d’où est venue la catastrophe n’est en soit pas un réel problème, mais le fait que tous les animaux aient disparu de la surface du globe depuis des années sonne comme la fin de tout espoir. Alors pourquoi continuer à se battre si il n’y a aucune lumière au bout du tunnel ? La piste de l’abandon est rapidement évoqué avec la mère (Charlize Theron), mais avec des personnages hautement dépressif voyageant sans réel but, on aurait tendance à remettre en cause l’intérêt de la chose. Certes là fin avec Guy Pearce vient un peu contrebalancer ce fait, mais au fond, même si les acteurs sont bons, la réalisation excellente et l’ambiance travaillée, le film n’apporte rien au genre. Les rares pistes secondaires du film ne sont presque pas traitées comme les cannibales, le reste du monde et le message spirituel, rendant encore un peu plus le bilan mitigé. Pour une plongée au cœur d’un monde post-apocalyptique, le film est une grande réussite, mais en dehors de ça son intérêt est limité.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *