The Odd Life of Timothy Green

The Odd Life of Timothy Green
2012
Peter Hedges

Après un démarrage modeste sur le sol américain, le film a connu un maintient excellent le hissant jusqu’au rang de belle réussite, finissant sa course à presque 52 M$ à domicile. Pas suffisant en revanche pour le reste du monde, peu de pays lui ayant en effet ouvert ses portes. Une petite fable d’apparence mignonne qui m’intriguait, et il est vrai que l’histoire promettait pas mal.

Devenir parent, ça n’est pas une finalité, mais pour Cindy (Jennifer Garner) et Jim (Joel Edgerton) cela aurait donné un sens encore plus grand à leur amour, et l’annonce de leur stérilité les sonna comme jamais. Désemparés et attristés, ils vont imaginer une dernière fois à quoi ressemblerait leur enfant idéal, quelles seraient ses aptitudes, ses talents, ses qualités humaines, avant d’y renoncer définitivement, décidant d’enterrer symboliquement ce rêve en y mettant leurs notes en terre. Et quelqu’un les a visiblement entendu là haut, faisant sortir de terre, à l’endroit où reposait leur rêve, un petit garçon répondant au nom de Timothy, fils prêt à l’emploi et bien décidé à leur donner tout l’amour possible. Un rêve qui va dépasser toutes leurs espérances.

Je rage : le réalisateur, les acteurs, le scénariste, le responsable de la musique, tous avaient en main l’ensemble des cartes pour nous offrir un petit bijou de poésie et d’émotion. Il y a une quantité incroyable de bonnes idées, de séquences magnifiques, mais une quantité non moins importante de fautes majeures. Point délicat que le film négocie à la perfection, l’arrivée de l’enfant est tout simplement d’ordre mystique, et tout en apportant certaines étrangetés d’importance, l’explication est claire, naturelle, et la situation s’installe directement sans l’ombre d’un malaise ou d’une quelconque réticence de la part de l’un des partis. Le principe des feuilles, bien que téléphoné, est vraiment magnifique et aurait presque pu nous tirer les larmes, d’autant plus avec la romance des enfants et la musique incroyable qui ponctue ces moments de tendresse (bien que largement trop proche du thème principal de Dragons) si seulement il n’y avait pas tous les problèmes qui incombent au film. Dernier point très positif avant d’attaquer les choses qui fâchent, la pureté et la simplicité d’un enfant. Une fois le stade – énervant – bébé passé, toute la tranche de vie de la petite enfance jusqu’à l’adolescence est un émerveillement. Le monde est beau, l’espoir persistant, et leur esprit n’est pas encore embrumé par les désillusions de la vie. Une vision oubliée qu’il est bon de rappeler, et la côtoyer ranime nos vieux cœurs fossilisés.

Mais bon, le film n’est pas qu’une ode à la vie, une quête de bonheur enivrante : il est aussi une comédie américaine parfois maladroite. Aux Etats-Unis, la décence, le sentiment de honte n’existent pas, et à de trop nombreuses reprises on assiste à des démonstrations publiques insupportables, allant même jusqu’à gâcher l’une des principales conclusions du film. Et en parlant de gâcher, la construction même du film s’impose là dans ce domaine. Certes, la piste des feuilles nous y aurait de toute façon mené, mais le choix de narration nous livre carrément l’une des finalités les plus importantes. Une pirouette pour une conclusion qui repart lorgner du côté fantastique ? Malheureusement non, le dernier retournement de situation n’arrivera pas, nous laissant pour le coup sur une situation de malaise. Et que penser du coup de l’intérêt de leur histoire passée ? Une mauvaise blague pour les pousser au suicide ? Une dernière forme de cynisme prouvant que le bonheur est éphémère ? Bilan, le film nous aura ému, fait rêvé, réfléchir, mais difficile de pardonner certains aspects américanisés de son traitement, et la fin est bien trop amer pour espérer aboutir sur autre chose que de l’indignation.

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