Les Vacances de l’angoisse
1994 (2001 en France)
R. L. Stine
Incontestablement l’un des écrivains les plus prolifique qui soit, R. L. Stine a publié pas moins de 74 romans (certes très courts, mais tout de même) en l’espace de huit ans, entre 1992 et 2000, aboutissant à la célèbre collection « Chair de poule ». De l’épouvante pour ados qui a eu son heure de gloire, et j’étais curieux de m’y replonger.
Petit ouvrage atteignant grossièrement la centaine de pages grâce à une police généreuse et des sauts de page réguliers, le livre nous conte cinq petites histoires, chacune horrible à sa façon, pour un résultat assez inégal. La première, « Traquenard sur la plage », au suspense largement massacré par la couverture du livre, nous raconte comment une petite fille capricieuse et cupide s’est fait berné par un coquillage lui faisant miroiter richesse et gloire, alors que seule la mort l’attendait. Une première histoire à l’ambiance malsaine, assez réussie avec la traversée de la caverne, et réjouissante de par sa violence non dissimulée, parlant carrément du sang de la jeune fille se fracassant contre les rochers.
La seconde histoire, « Oiseaux de malheur », ne vole en revanche pas très haut. Encore un sale mioche pénible, ennuyant toute sa famille parce que ses vacances dans une volière ne lui plaisent guère. La finesse n’est pas au rendez-vous, les allusions sont téléphonées, et l’univers est même partiellement raté vu la piètre utilisation du décors pourtant atypique. Même problème pour la troisième histoire, « Une vie de chat », qui perd son potentiel effrayant par un développement trop prévisible. Petite note d’intention aux responsables du quatrième de couverture au passage : l’héroïne s’appelle Marla, et non Mara.
Les deux dernières histoires sont, elles, plus intéressantes. L’avant dernière, « Présence dans les bois », joue sur la prévisibilité pour nous déstabiliser. Tout nous laisse à penser que l’histoire part dans la direction supposée, insistant lourdement dessus avec la même lourdeur que pour le reste des histoires, mais c’était là un piège bien négocié. Et enfin, « P.S. : surtout, ne réponds pas », joue habilement sur la psychologie avec une histoire de paranoïa sympathique, d’autant que le cadre « colonie de vacances » est très propice aux folies de la solitude.
Des histoires éternellement axées sur des ados ayant très souvent 12 ans, et c’est bien là le public visé. Un principe accrocheur, des ébauches d’idées et un probable frisson pour les plus jeunes : un résultat honnête et distrayant. Pas de quoi crier au génie tant c’est facile et peu approfondi, spécialement ici, et certains messages ont de quoi inquiéter. De manière récurrente, les parents sont incapables de faire l’effort de comprendre leur enfant, les frères et sœurs ne sont que des gènes, et on ressent une paranoïa constante sur des menaces omniprésentes prêtes à s’abattre sur le premier enfant malheureux venu, comme pour le punir de ne pas apprécier ce qu’il a, alors même que généralement son milieu est nocif. Peut-être un effet de style : le rejet mène à l’angoisse. C’est avec nostalgie que je repense à ce qui a été mes premières lectures, mais il n’y avait finalement pas de quoi les sortir de leur étagère poussiéreuse.