Chatroom

Chatroom
2010
Hideo Nakata

Petite production britannique réalisée par un japonais maître dans les films d’horreur, ce film d’auteur n’aurait probablement jamais attiré mon attention ni celles de bien d’autres sans le phénomène Kick-Ass, octroyant une belle notoriété au personnage central de ce film. Malheureusement jamais doublé en français, beaucoup se seront résigné à le voir, un tord tant on tient là une perle du cinéma indépendant.

Qu’est-ce qu’une Chatroom ? En français, on appelle ça un cyber forum, pouvant être une simple correspondance écrite ou faire appel à des webcams pour des rencontres plus personnelles. Sur une plateforme en ligne, nombre de gens créent leur propre Chatroom, laissant entrer qui ils veulent. Jeune perturbé aux graves problèmes psychologiques, William (Aaron Taylor-Johnson) a créé « Chelsea Teen », une salle pour les jeunes de sa ville à la recherche de quelqu’un avec qui parler. William se posera alors comme un guide prodiguant ses conseilles aux membres de la salle (incluant la géniale Imogen Poots), mais en réalité il ne désire qu’une chose : détruire leurs vies en les manipulant.

Le début du film est très déstabilisant, nous embarquant dans des lieux étranges, glauques et totalement surréaliste. En fait, et j’ai honte d’avoir mit près de vingt minutes à m’en rendre compte, ces pièces étranges et sinistres sont une métaphore des Chatroom, le film prenant le parti prit de les recréer comme si on pouvait physiquement les visiter. Un tour de force scénaristique et artistique, donnant au film une ambiance très réussie et matérialisant la barrière ambiguë entre fiction et réalité en en faisant de même avec son propre concept. Quand on passe à l’intérieur de ce monde virtuel, tout change : le comportement des gens, la réalisation, le spectre des couleurs. C’est vraiment très abouti, d’autant que le film ne se contente pas de faire de la propagande pro ou anti Chatroom, préférant se concentrer sur les gens qui y vont et la folie humaine en générale, ne se refusant aucun type de déviance et ne souffrant aucune limite. Une fois les véritables enjeux identifiés, le film part vraiment très loin et on jubile. Juste brillant. Et avec de très bons acteurs (incluant trois acteurs de Games of Thrones, dont Richard Madden), le film s’en retrouve carrément captivant. Le retour à la réalité à la fin divisera, et limite on aurait préféré l’autre option, plus courageuse, mais soit. Belle surprise.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *