La Famille Bélier

La Famille Bélier
2014
Eric Lartigau

En 2014, les quatre plus gros succès de l’année en France furent des productions françaises, chose qui n’était pas arrivée depuis des décennies. À la seconde marche du podium, avec un peu plus de sept millions d’entrées, on retrouve ce High School Musical à la française, même s’il ne s’agit pas, malgré la thématique de la musique, d’une comédie musicale. Encensé par les critiques, acclamé par les spectateurs, le film a sacré la jeune chanteuse qui avait perdu The Voice en 2013, lui ayant permis de décrocher le prix du meilleur espoir aux César et le prix Lumière de la révélation de l’année. Le film est donc une exception à l’adage français comme quoi notre pays récompenserait ses drames mais vivrait de ses comédies.

Parfois il arrive que la norme ne soit pas la normalité. Dans la famille Bélier, Paula (Louane Emera) est le vilain petit canard, la seule à ne pas être sourde. Cela peut s’avérer être un avantage, notamment pour servir d’interprète entre ses parents (Karin Viard et François Damiens) et le reste du monde, mais ça la fait surtout se sentir nulle part à sa place. La situation va même devenir ingérable quand, ayant suivi un garçon à la chorale de son lycée (dirigée par Eric Elmosnino), elle va se découvrir un talent de chanteuse. Comment expliquer à sa famille qu’elle aimerait faire carrière dans le chant, notion inconcevable pour des sourds ?

Une sortie stratégique juste avant les fêtes pour brasser large, une histoire qui pue les bons sentiments avec une famille d’handicapés, et une grosse campagne marketing assurant un succès bien gras. Bref, que des bonnes raisons pour me provoquer une allergie anticipée, et j’ai d’ailleurs joyeusement esquivé le film. Mais voilà, depuis il y a eu quelques prix, et surtout la sortie de l’album de la fameuse Louane Emera, prouvant son assez grand talent de chanteuse, notamment au travers de sa chanson « Jour 1 », matraquée à juste titre à la radio, et puis le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas désagréable à regarder. Donc bon, soit. Pas de choc cinématographique incroyable, le succès du film est disproportionné, d’autant plus surprenant de par la concurrence ahurissante aux belles performances (ce Noël fut une orgie d’entrées). Néanmoins, si l’histoire est d’une banalité consommée, prévisible de bout en bout, pas très efficace ni dans le comique ni dans l’émotion, la petite fable reste malgré tout mignonne, portée par de formidables acteurs, notamment la petite chanteuse qui fait des débuts intéressants. Ses performances de chant n’ont, dans le film, rien d’épatantes, mais il est vrai que son timbre de voix est doux et gracieux, et qu’il y a du coffre. On aurait aimé une petite composition à l’occasion, ou alors une reprise plus populaire, mais choisir des vieux tubes passés de mode a aussi son charme. Il y a quelques trouvailles autour du thème de la surdité aussi, relativisant un peu la faiblesse de l’écriture. Un petit film mignon donc, plein de bonnes intentions mais pas non plus mièvre, qui assure un divertissement plus fin qu’il n’y parait.

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