Adaline

Adaline
2015
Lee Toland Krieger

Traverser les âges, vivre l’histoire aux premières loges, en faire partie intégrante : le fantasme de l’immortel ne date pas d’hier, mais l’approche cinématographique est souvent la même, à savoir celle fantastique. Vampires, sorcier ou autre créature non-humaine, c’était généralement comme ça que l’immortalité était appréhendée. Mais il y a quelques années, ce fut la révolution, la renaissance du concept dans l’un des plus brillants films de l’histoire : The Man from Earth. Le principe est ici décliné au féminin, où le récit devient une expérience vécue par le spectateur.

Née en 1908, Adaline Bowman (Blake Lively) est décédée 29 ans plus tard dans un accident de voiture une nuit d’hiver, sombrant dans une eau glacée où s’engouffrait sa voiture. Ramenée à la vie par un impact de foudre, elle va se réveiller différente. Il lui faudra quelques années pour s’en rendre compte, mais depuis ce jour elle a cessé de vieillir. Un miracle qui nécessite néanmoins de faire quelques sacrifices, comme changer d’identité et de ville tous les dix ans. Près de huit décennies plus tard, retrouvant l’amour pour la première fois depuis longtemps (en la personne de Michiel Huisman de Game of Thrones, au père incarné par Harrison Ford), elle va plus que jamais prendre conscience du fardeau de sa longévité.

Pas sorti en France malgré un certain succès à domicile, le film a un peu fait parler de lui, mais si peu qu’en me lançant dans l’aventure je n’avais strictement aucune idée du type de film dont il pouvait bien s’agir. Alors découvrir le récit tragique, éblouissant et poétique d’une immortelle incarnée avec une justesse inouï par Blake Lively, pourtant pas une habituée des performances de jeu, avec à la clef une histoire aussi magnifique et passionnante, cela fait sans contestes du film la plus belle surprise depuis des lustres. C’était le tour de force de The Man from Earth : raconter l’histoire d’une personne à travers les âges en développant une fascination. Bien sûr, ce film prenant le parti de montrer ce qui était raconté dans le modèle, l’histoire ne pouvait pas être étalée sur une période aussi large, mais le recentrage autour du XXème siècle marche à la perfection, et quelle que soit l’époque, l’ambiance est incroyablement bien retransmise et fait rêver. Malgré les quelques facilités scénaristiques autour du don éternel, l’approche réaliste du récit donne une sincérité touchante au film, et l’héroïne nous subjugue de bout en bout. Loin d’être parfait, à cause notamment d’une grande prévisibilité, le film est tout de même une fable exceptionnelle, aux qualités narratives indéniables, d’une grande puissance émotionnelle, et emmenée par une actrice vertigineuse.

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