The Legend of Zelda : Ocarina of Time
1998 (Nintendo 64)
Eiji Aonuma, Yoshiaki Koizumi, Shigeru Miyamoto
Difficile de ne pas citer ce jeu quand on parle de nos préférés, et il faut bien dire qu’au delà du succès tonitruant de l’époque, aujourd’hui encore son fan club reste entier. Plus encore, à travers les époques la saga Zelda, qui a connu un réel tournant avec ce premier jeu sur Nintendo 64, est devenu un porte étendard pour Nintendo, au même titre que Mario, certes moins vendeur mais plus renommé. La saga représente un gage de qualité, de maturité pour la firme, qui a toujours livré des jeux profonds (enfin beaucoup moins sur consoles portables, bien que là aussi de qualité) capables de parler à toutes les générations, et qui a d’ailleurs terrorisé bien des enfants avec ses morts, ses monstres et autres images horrifiques. Monument du jeu-vidéo, voici donc le légendaire Zelda 64.
Graphismes : 18/20
La 3D existait depuis bien longtemps déjà, mais avec les progrès de la technologie, l’intérêt devenait de plus en plus évident. Et avec la sortie de ce jeu, un nouveau pallier a été franchi, réussissant à donner vie à un open world intégralement en 3D avec de loin le meilleur résultat de l’époque. Bien sûr, les polygones étaient peu nombreux sur chaque modèle, et les textures des environnements étaient largement grossiers, mais jusqu’alors personne n’était allé aussi loin et surtout avec un tel soin. On a rarement vu un niveau d’harmonisation aussi important : quel que soit le personnage, le lieu, le décor, l’animation, on ne retrouve aucune saccade, aucun élément visuel qui dépeint par son manque de finition, et ça regorge de détails de partout. Le bestiaire et les environnements sont diversifiés, techniquement irréprochables pour l’époque (quoique les bouts de seins en pointe choque pas mal, surtout vu la distribution généreuse), le design est magnifique et la mise en scène impressionne. Le plus fou dans tout ça c’est que la fluidité est sans failles, une véritable prouesse. On aurait tendance à parler de perfection, mais un autre épisode de la franchise épaulé d’une petite puce de mémoire a débarqué deux ans plus tard, améliorant un peu plus le moteur et proposant des choses encore plus ambitieuses.
Jouabilité : 17/20
Simple, clair, efficace : un modèle du genre. Conçu pour des enfants, le système de jeu est extrêmement intuitif, et aussi beaucoup assisté. Un bouton d’attaque, un d’action, trois d’équipement, un pour se protéger, un pour les pas de côté, et enfin celui pour le lock, le système de visée, ô combien nécessaire. Cela offre un large panel de possibilités d’interaction, avec possibilité de changer instantanément via le menu ses trois objets d’équipement (armes et objets), de même que le véritablement équipement (tenue, arme, bouclier, bottes). Un calibrage aux petits oignons pour un très grand dynamisme, d’autant que les possibilités d’interaction avec les environnements sont très nombreuses, de quoi donner le tournis pour les quêtes annexes vu la taille imposante de la map. Mais même pour l’histoire principale, mieux vaut vite comprendre et maîtriser la logique du jeu, sans quoi on risque de se retrouver bloqué ou perdu. D’un autre côté, pour les initiés le jeu peut sembler trop facile, respectant des schémas bien établis et cycliques, et seule la précision peut être source de défaite. En effet, et c’est là le gros soucis du jeu, la précision est parfois aussi atroce que la caméra, pouvant nous faire douter de la réalisation d’une action pourtant nécessaire. Le système de lock ainsi que certains automatismes font que la progression reste agréable, mais on ragera régulièrement face à une précision capricieuse, une caméra parfois folle, et quelques bugs de collisions assez nombreux.
Durée de vie : 14/20
Est-ce parce que je le connais par cœur, mais j’ai l’impression que le finir en ligne droite ne demande même pas 15 heures. Une poignée de plus suffiront pour finir la tête haute avec une cinquantaine d’araignées d’or, l’ensemble des équipements, magies et bonus, et la grosse majorité des quarts de cœur. Pour qui découvre le jeu, se perd, explore et traque le moindre élément pour extraire du jeu tout son nectar, la trentaine d’heure sera largement atteinte, d’autant plus si à chaque nouvel équipement on refait l’intégralité de la carte pour espérer en faire bon usage.
Bande son : 19/20
Ah, douces mélodies… Parmi les bande-son les plus cultes, celle-ci y tien une place de choix. Les composition à la flûte de pan (qu’on a essayé de faire passer pour de l’ocarina) sont mythiques, capables de nous faire voyager à tous les sens du terme avec seulement cinq notes, utilisées cinq à six fois. De la harpe, du violon, du piano : autant d’instrument pour une si grande jouissance musicale. Et on peut compter aussi sur des bruitages d’une grande finesse, parvenant même à donner vie aux personnages par de simples gémissements.
Scénario : 12/20
L’univers de la franchise est d’une immense richesse entre ses différents peuples et ses lieux emblématiques. Il y a des guerres, des morts, des génocides, et on cherche à faire le médiateur au milieu de tout ça. C’est prodigieux, mais ça n’est pas propre au jeu. Ici, l’histoire se résume à un vilain qui veut la Triforce, et un arbre a dit qu’un gamin allait sauver le monde. Du coup, sous les ordres d’une princesse à peine sortie du berceau, le héros va cavaler aux quatre coins d’Hyrule pour retrouver trois pierres puis six médaillons. Le changement d’époque redonne un coup de fouet en rendant le héros génial et bousculant l’ordre du monde (enfin pas tant que ça), mais ça reste très stéréotypé et classique, malgré la richesse de la toile de fond.
Note Globale : 18/20
Bien sûr, le jeu est bourré de défauts, à commencer par une histoire un peu niaise et pas très intéressante pour ceux qui ne chercheront pas plus loin. Certains pesteront qu’il est trop facile, d’autre qu’il est injouable à cause de sa caméra et de certaines imprécisions. Mais pour peu qu’on se donne la peine de le prendre en main et de creuser l’infinie richesse de son univers, on découvrira alors une mine d’or intarissable et intemporelle. Lâché dans un monde des plus vastes avec un éventail de possibilités qui donne le tournis, le joueur aura alors accès à une aventure épique, enrichissante, agréable à parcourir et bourrée de surprises. Doté d’une mise en scène grandiose et de graphismes spectaculaires pour l’époque, et qui conserve encore énormément de charme, le jeu est une immense réussite artistique, nous abreuvant de sa céleste musique. Une référence absolue, qui ne sombrera dans l’oubli que le jour où s’éteindra le dernier homme.