Le Tout Nouveau Testament

Le Tout Nouveau Testament
2015
Jaco van Dormael

Il y a une semaine j’ignorais tout de ce film, puis je suis tombé par hasard sur la bande-annonce. Intrigué, happé par une possible immense originalité, un détail m’a fait espérer un miracle : son réalisateur. Discret, l’homme n’avait sorti qu’un seul autre film en 18 ans, un certain Mr. Nobody, l’une des plus belles œuvres de science-fiction de ses dernières années. Vendu comme une comédie délurée, le film est en réalité l’exact opposé.

Qui est réellement Dieu (Benoît Poelvoorde) ? Et si c’était en réalité un gros connard qui aurait créé l’home pour se défouler et lui faire endurer mille supplices ? Dans le film, c’est une réalité, et sa pauvre fille, Ea, qui fait elle aussi les frais de ses humeurs (de même que sa mère Yolande Moreau), va un jour en avoir marre et tenter, comme jadis l’a fait son frère, de faire son testament pour apporter sa pureté et sa bonté à l’humanité. Pour sa toute première entrée dans notre monde à la recherche d’apôtres (incluant Catherine Deneuve et François Damiens), elle va révéler à tous leur date de mort, enfants comme adultes, les confrontant à leur plus grande peur, dont l’échéance sera pour beaucoup d’une précocité effroyable.

Il y avait un fort potentiel comique à cette histoire, brièvement montré aux travers des extraits de la bande-annonce qui représentent quasiment l’ensemble des séquences comiques du film, mais ça n’est donc pas l’approche choisie. Après une présentation un peu lourde et bancale de cette revisite du mythe religieux, on découvre ainsi le connard suprême, qui réduit sa femme au silence, crache sur feu son fils, frappe sa fille et invente le plus de règles possible pour empirer la vie des humains, et c’est bien une approche morbide et dramatique à laquelle on a droit. D’ailleurs, on regrettera le choix d’inclure des banalités indignes d’une telle originalité, à l’image des lois de Murphy (la tartine qui tombe toujours du côté du beur, la file d’à côté qui avance plus vite), chacune étant vécue comme une trahison. Enfin bon, face au coup du gorille et de la robe rouge, c’est excusable. Ne pas voir le potentiel comique exploité est très dommageable, mais la puissance dramatique compense t-elle cette absence ? L’approche philosophique de la mort marche en effet très bien, et la vie d’une majorité des apôtres nous touchent beaucoup, surtout grâce à l’ambiance unique du film, renforcée par une très belle réalisation et des effets spéciaux solides pour un si faible budget, mais certains passages laissent froids, notamment la fin, et le côté divin est très mal négocié. Le résultat n’est donc pas à la hauteur, mais un tel degré d’originalité est rare et mérite qu’on s’y intéresse.

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