Idiocracy

Idiocracy
2007
Mike Judge

« Au moins il n’a pas fait baisser la moyenne, et pour un américain moyen, c’est déjà pas si mal ». Prends-toi ça dans la tronche le système ! Passé inaperçu en salles faute de réelle distribution, le film a par la suite fait grand bruit lors de sa sortie en DVD, du moins pour ceux qui ont su y voir la pertinente critique de notre société actuelle. Vers où nous dirigeons nous ? Réponse en images.

En 2005, le QI moyen est légèrement supérieur à 100, l’humanité n’a jamais été aussi intelligente, et on ne peut que spéculer sur les avancés qu’elle réalisera. Les voyages temporels seront prochainement une réalité, et la cryogénisation en est déjà à ses balbutiements. Recruté par l’armée pour effectué un test de congélation d’une année, au même titre qu’une prostituée (Maya Rudolph), Joe (Luke Wilson) va être oublié et laissé pour compte, avant que le hasard des choses ne le sorte de son sommeil en 2505, cinq siècles plus tard. Sous le choc, il va constater que le monde est désormais un vaste champ de ruines et l’humanité a atteint un degré irrémédiable de bêtise.

Les gens regardent de plus en plus la télévision, et cette dernière diffuse de plus en plus des programmes abrutissants telles les télé-réalité et autres concepts foireux impliquant des gens filmés dans leur quotidien. Certes, il n’y a pas de corrélation génétique directe dans l’intelligence, deux débiles peuvent très bien accoucher d’un génie, mais selon le cadre dans lequel on grandit, l’éveil culturel est plus ou moins sollicité, et c’est dans les foyers les pus miséreux que la natalité est la plus forte, faisant que la part de gens instruits ne cesse de chuter. Par exemple, alors que le taux de réussite au Bac ne cesse de grimper, le pourcentage de la population ayant le Bac n’est passé que de 60 à 67% en trente ans. Si le phénomène venait à perdurer et potentiellement s’intensifier, avec des tâches reposant de plus en plus sur l’automatisation des machines, il est possible qu’avec le temps certaines connaissances se perdent et que l’humanité se vautre dans une paresse sans nom, allant de pair avec un abrutissement massif de la population. En arrivera t-on à faire d’une série sur un type se faisant latter les couilles la série numéro 1 au monde ? Malheureusement, on en est pas si loin, et c’est même plus que concevable, d’autant que le film est centré sur les Etats-Unis, et le reste du monde s’en sort peut-être un peu mieux. Le film va très loin, pousse les extrêmes au maximum, mais ça n’est pas la vision futuriste la plus improbable qu’on ait vu, et c’est même plein de bon sens.

On ne s’étonnera pas de constater que cette vision acerbe et très dénonciatrice fut froidement accueillie par la critique, mais que vaut le film en dehors de son message d’alerte sur nos dérives potentiellement irrémédiables ? Niveau jeu d’acteur, c’est forcément borderline comme tous sont censés jouer des demeurés, mais à l’image d’un Justin Long complètement dans les vapes et fou, c’est plus drôle que pathétique. On croise une belle brochette d’abrutis finis, trop aurait-on tendance à dire, et si vous êtes allergiques aux blagues crasseuses, à l’humour scatophile et à la connerie dans ses bassesses les plus trash, mieux vaut passer son chemin, mais c’est en revanche cohérent avec le message défendu. Prit tel quel, le film est une comédie stupide à faire peur, surjouée, mal écrite et même pas si drôle, mais pour peu qu’on se penche sur son côté satyrique et parodique, on tient alors là un film engagé à la fois intéressant et jouissif.

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