Coup de chaud

Coup de chaud
2015
Raphaël Jacoulot

Un petit village français bien miséreux, un taux de chômage ahurissant, des agriculteurs qui suent sang et larmes pour que dalle, un taux de consanguinité affolant, des femmes frustrées, des hommes bien rustres avec l’embonpoint qui va bien : on sent que ça ne peut que mal tourner. À force de patauger dans la merde, on se rebiffe, et c’est exactement ce qu’il s’est passé.

Tiré d’une histoire vraie, fait divers qui remonte à une poignée d’années d’ailleurs, le film nous raconte le cheminement d’un drame dans un bled que la crise a mit à terre. Maire du village, Daniel (Jean-Pierre Darroussin) ne peut pas faire grand chose pour améliorer la vie de sa collectivité, devant faire avec des aides pratiquement inexistantes, et avec un été torride aboutissant à une sécheresse catastrophique tant les agriculteurs sont le moteur du village, le climat est plus que tendu. Accusé de tous les maux du village non sans raison, Joseph, l’handicapé mental du coin, plus agité que jamais, va être retrouvé mort un beau matin. Pourquoi ? Qui a délivré le village de ce fléau ? Quelle fut la connerie de trop ? Voici donc le déroulement des dernières semaines avant l’incident.

Un jeune un peu paumé qui va souffrir de mauvaises fréquentations au destin tragique, un film qui retrace cette histoire en nous disant d’emblée que ça va mal finir : on retombe sur le même cas de figure que Alpha Dog, mais en moins débile. Dans le cas américain, le meurtre n’avait aucune légitimité, aucun intérêt, le développement était poussif. Ici, on voit immédiatement pourquoi on veut le tuer, et même si on sait comment ça va se terminer, le suspens concernant les circonstances du meurtre est largement mieux géré car presque tous ont un motif valable, et plus le temps passe plus les conneries deviennent graves, nous questionnant sur la limite qui fera bouger les choses. Les acteurs sont loin d’être tous bons, on pense notamment à Grégory Gadebois et à la mère de Jospeh, insupportables de par leur deux de tension et leur prononciation quasi inaudible, mais la plupart des histoires donnent du grain à moudre et on prend un plaisir malsain à voir tous ces gens souffrir. Pas un drame bouleversant, pas suffisamment cynique pour qu’on en rit, pas l’histoire la plus captivante qui soit, juste un fait divers bien retranscrit.

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