Les Visiteurs 2 : Les couloirs du temps
1998
Jean-Marie Poiré
Le film ne s’y prêtait pas spécialement, voir pas du tout, mais quand on explose le plafond au box-office, on ne se pose pas trop de questions et on capitalise sur le succès. Voilà comment une suite aux Visiteurs a vu le jour, et quand on voit que malgré des critiques assassines le film a réussi à faire huit millions d’entrées, on se dit qu’ils auraient eu tord de s’en priver. Il faut dire qu’en reprenant la quasi intégralité du casting et de l’équipe technique et artistique on pouvait difficilement tout rater, mais il faut croire que si.
Pas besoin de se fatiguer à chercher, l’histoire était toute tracée. Avec l’entourloupe de Jacquouille la fripouille (Christian Clavier) qui a laissé son maître, le comte Godefroy de Montmirail (Jean Reno), repartir en 1112 avec son petit filleul, il a créé une faille temporelle, laissant les couloirs du temps ouverts. De ce fait, Godefroy ne peut épouser Frénégonde (Muriel Robin – oui, le changement fait mal), dont le père a été dépouillé de ses bijoux, et il doit alors se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard.
Il n’y a absolument rien à sauver dans ce film, et à ce niveau de contre performance ça force le respect. Tout d’abord le scénario, déjà sujet au débat dans le premier de par la boucle pas vraiment bouclée où la réalité où la flèche a touché sa cible n’a en réalité jamais eu lieu, qui bat ici tous les records de non-sens. Si le beau-père n’est pas mort, alors ses bijoux n’ont jamais été dérobés, ils se trouvent juste dans deux réalités temporelles différentes. De même, inclure une notion de « il faut se dépêcher » quand il y a 880 ans d’écart, cela n’a aucun sens. Le pire du pire niveau cohérence vient tout de même du personnage de Marie-Anne Chazel, clocharde du village qui fait partie du paysage depuis longtemps à Montmirail version contemporaine, mais qui va subitement être prise pour une voyageuse du temps au même titre que les deux autres. Mais finalement, ça n’est pas le plus gros problème du film. Que le réalisateur soit toujours aussi mauvais, certes, mais quand la seule bonne actrice quitte le navire au profit d’une remplaçante atroce et que tous les autres cabotinent à outrance, surtout Christian Clavier qui mérite la pendaison pour un pareil affront, on prend tarif et tout tombe à plat. Les effets spéciaux sont lamentables, incroyablement en dessous du premier film, et côté humour on frôle le nanar. On finira péniblement par rire nerveusement face à un tel niveau d’incompétence, mais globalement la blague passe extrêmement mal.