Le Grand partage

Le Grand partage
2015
Alexandra Leclère

Une sortie en plein pendant les fêtes de fin d’année avec un casting alléchant, une bande-annonce polémique sur fond de montée du front national, crise économique et surtout flux de migrants achevant un raz-le-bol généralisé. Il avait tout de la bonne comédie grinçante à succès, mais finalement le film a peiné à dépasser le million d’entrées, plombé par des critiques assassines. Est-il allé trop loin dans la provocation ou s’est-il au contraire fait dessus ? C’est malheureusement la deuxième option…

Avec la douceur exceptionnelle de l’hiver qu’on a eu on en est loin, mais le film nous place dans une situation de crise où, face à un froid sans précédent mettant en danger nombre de gens en difficultés, le gouvernement décide d’adopter une mesure d’urgence : tout foyer dont la superficie de logement et le taux de résidents le permettent devront accueillir des travailleurs pauvres mal logés. On suit les répercutions d’une telle mesure dans un immeuble parisien des plus chics où résident un couple bobo profondément ancré à droite (Karin Viard et Didier Bourdon), un couple gauchiste et engagé (Valérie Bonneton et Michel Vuillermoz), un homme seul (Patrick Chesnais) content de voir sa solitude se briser, ainsi qu’une concierge frontiste (Josiane Balasko) voyant l’arrivée d’étrangers comme un fléau.

Où s’arrête la bonté de l’homme ? À la pratique serait-on tenté de dire avec le début du film, tendant à prouver que même les gauchistes les plus militants et engagés rechignent à s’investir pleinement quand il s’agit de troubler l’intimité de leur foyer. Et puis finalement non, fondamentalement tous les hommes sont généreux, mais tout de même égoïstes, mais ils ont la main sur le cœur, et dans le porte-feuille aussi, etc. Toutes les deux secondes le film semble changer d’avis, tous les personnages sont de vraies girouettes et le spectateur est un peu confus au milieu de tout ça, déjà que le scénario part d’une idée totalement invraisemblable. Si le fait qu’un logement soit vide est pratiquement invérifiable, le fait d’imposer l’hébergement de travailleurs pauvres est une violation de tous les droits les plus fondamentaux de notre société en terme de propriété et liberté, sans compter la morale déplacée. D’où on proposerait un logement aux travailleurs pauvres mais pas aux sans emplois et SDF ? En plus bravo les stéréotypes avec les noirs fainéants, les voleurs de l’est et les bobos parisiens racistes. Le principe même du film n’a aucun sens, et ses intervenants n’en ont pas beaucoup plus tant leur avis est volatile. En parlant des personnages, on notera la présence d’une atrocité indescriptible : Zidani, pseudo humoriste échappée de On n’demande qu’à en rire, dont l’absence de talent et l’exubérance saccageront un intérêt déjà fébrile. Dieu que je hais ce simulacre de femme… Pour peu qu’on ne se pose pas trop de questions sur la crédibilité de l’ensemble, il y a bien sûr quelques idée et effets comiques intéressants, mais c’est globalement assez pauvre.

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