Chocolat
2016
Roschdy Zem
Les mentalités mettent du temps à changer, parfois des générations entières s’écoulent avant qu’une nouvelle norme émerge. Prit pour des sauvages inférieurs tout juste bons à être esclaves, les noirs ont pendant longtemps été brimés et le sont encore occasionnellement aujourd’hui, et cela le sera encore tant qu’on parlera de racisme, discrimination, minorité ou différence. Et comme de tous bords nombreux sont ceux à ne pas vouloir se « mélanger », sans compter les résultats sportifs très volatiles en fonction de l’ethnie, on en sortira probablement jamais.
Très grand représentant de la cause noire depuis longtemps oublié, le film nous raconte une histoire qui prit place à la fin du XIX° : celle de Footit (James Thiérrée) et Chocolat (Omar Sy). Clown de profession, Footit n’était plus que l’ombre de lui même depuis des années, ces numéros de cirques n’amusant plus personne. Voyant en son compagnon de troupe noir le partenaire idéal, il va alors monter avec lui un numéro à deux, faisant de Chocolat le premier clown noir de l’histoire. Pari fou pour le cirque, numéro inédit et incongru pour les spectateurs. Le phénomène va alors exploser et un théâtre parisien très côté va leur proposer de rentrer dans la cour des grands.
J’avais très peur que le film ne me parle absolument pas à cause de son thème du cirque, qui m’ennui au plus haut point, et ça n’a pas loupé. Le principe même du film paraît donc incohérent tant les numéros de clown sont ratés à mes yeux, incapables de décocher le moindre rire ni un quelconque sourire. L’ampleur de leur réussite laisse donc perplexe, de même que tout leur univers. Certains films comme De l’eau pour les éléphants réussissaient à dépasser mes à priori en offrant un divertissement pur et magique avec un vrai impact émotionnel, mais ça n’est pas le cas ici. Que Chocolat ait apprit à la France entière qu’un noir peut s’élever aussi haut qu’un blanc est admirable, mais son son personnage est loin de la noblesse de son statut de modèle. Égoïste, colérique, dépensier, instable, méprisant, il n’attise pas tellement la sympathie, pas plus que son binôme, arrogant, aigri, froid et calculateur. Dommage, car le reste de la distribution est aussi impressionnant qu’éphémère : on retrouve Noémie Lvovsky, Denis Podalydès, Bruno Podalydès, Xavier Beauvois, Olivier Gourmet, Clotilde Hesme ou encore Thibault de Montalembert (le patron de la série France 2 Dix pour cent). La mise en scène est très esthétique, les acteurs assez bons et le contexte intéressant, mais difficile de l’apprécier quand on adhère pas au monde du cirque ni à ses protagonistes.