De toutes nos forces

De toutes nos forces
2014
Nils Tavernier

Voilà un film que j’ai prit grand soin d’éviter lors de sa sortie en salles entre son casting pas très attrayant (j’ai même une dent contre son acteur principal dont le souvenir ne m’évoque pratiquement que des daubes dont le visionnage fut éprouvant) et son thème particulièrement politiquement correct. Oh bah oui, il faut aussi aimer les handicapés. Au secours ! Mais pourtant, une personne intelligente, et qui partage les mêmes goûts cinématographiques que moi, m’a vivement conseillé le film, donc peut-être que mon jugement premier était erroné ? Oh que oui, il était bien trop optimiste…

Quand on est malheureux chez soi, on fait tout pour y rester éloigné le plus longtemps possible, mais toute carrière sportive doit s’arrêter un jour, et c’est ce qui est arrivé à Paul Amblard (Jacques Gamblin), alors obligé de chercher un travail, mais surtout de côtoyer son fils handicapé. Une lourde charge qu’il laissait reposer exclusivement sur le dos de sa femme (Alexandra Lamy), mais son fils va vouloir se rapprocher de lui à son grand désespoir. Pire encore, ce dernier s’est mit en tête de faire l’Ironman avec lui, le triathlon le plus dur au monde (3,8 km de natation, 180 km de vélo en montagne et 42,195 km de course, le tout en 16h maximum sous peine d’être disqualifié, avec à chaque étape un temps limite). Une épreuve incommensurable, et il devrait en plus le faire avec un poids mort (ne pouvant marcher). Quasi absent depuis sa naissance, il va alors sentir passer l’addition.

Quand je vois ce film, j’ai juste envie de balancer cette erreur de la nature d’une falaise en espérant qu’il se fracasse sur le maximum de rochers durant sa chute et qu’arrivé en bas il agonise encore quelques heures avant de gagner le droit de crever. Quand on est handicapé et qu’on se balade avec un fauteuil électrique à 100 000 € financé par les impôts alors qu’il pourrait très bien utiliser un fauteuil roulant classique (et il le prouve à un moment), qu’on est suivi médicalement, qu’on a accès à des infrastructures spécialisées, qu’on a une mère qui sacrifie sa vie pour nous, on devrait avoir un minimum de décence et ne pas faire son connard fini. Obliger un père à la cinquante bien tassée à faire l’une des épreuves sportives les plus dures au monde en traînant sa carcasse, c’est pour ainsi dire une tentative de meurtre et dénote d’un égoïsme ahurissant. Pire encore, durant tout le film il est le seul qu’on écoute quand quelqu’un exprime ses envies, et son comportement est au mieux abjecte. Pas à un seul moment il ne demande si son père va bien, il le pousse même à accélérer, le traite limite de feignasse et le laisse crever sur le bord de la route. Il se relèvera finalement, mais pour le fils la course est plus importante que la vie de son père, et vers la fin le père fait un malaise et le fils poursuit la route seul tel le bon gros connard qu’il est. De beaux paysages, le dévotion d’un père qui frôle le sacrifice ultime, mais un monstre sur roues qui fait du mal à sa cause en prouvant que son plus grand handicape est sa mentalité.

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