Seul contre tous

Seul contre tous
2016
Peter Landesman

Alors que le film n’est arrivé qu’en mars chez nous, il avait été lancé aux Etats-Unis en décembre 2015 avec les Oscars en ligne de mir, confiant de par la nomination de l’acteur principal aux Golden Globes. Et pourtant, à la stupéfaction des afro-américains, aucun acteur ou actrice de leur ethnie n’a eu le privilège de figurer sur la liste des nominés, soulevant une énième fois des débats sur le racisme. Evidemment, avec un public qui n’a pas répondu présent (moins de 50 M$ dans le monde) et des critiques loin d’affoler les compteurs, la raison était évidente, mais le film ne démérite pas pour autant.

Tiré d’une histoire vraie, le film démarre en 2002 alors que le médecin légiste Bennet Omalu (Will Smith) venait de faire une rencontre qui allait changer la vision de l’Amérique. Nez à nez avec le corps sans vie d’une ancienne star du football américain, Mike Webster (David Morse), il va chercher à comprendre ce qui a bien pu pousser un homme de 50 ans à s’arracher et se recoller les dents et mettre fin à ses jours en s’électrocutant. Il va alors découvrir lors de l’autopsie des lésions crâniennes terribles ayant entraîné une dégénérescence du cerveau, ce qui n’est pas étonnant vu la quantité répétée et la violence des chocs subis lors de la pratique du football américain. Une vérité que la NFL (équivalent de la FIFA pour ce sport numéro 1 aux USA) ne souhaitait pas voir divulguer.

Plus un organisme est gros et plus les attaques passent mal. Alors que les alternatives au pétrole sont légion et que le nucléaire ne demande qu’à tester la fusion froide, les grands groupes énergétiques impose une pression phénoménale pour que les nouvelles énergies n’émergent jamais, au point de faire assassiner certaines personnes peu conciliantes (le président de Total par exemple). Alors qu’est-ce qu’il se passe quand on déclare que la pratique du football américain, sport national du pays le plus important au monde et qui génère des centaines de milliards de chiffre d’affaire, provoquerait pour un très grand nombre de professionnels un état de psychose entraînant la mort peu après la retraite (potentiellement dès 40 ans) ? Entre magouilles, intimidation et complot gouvernemental, on suit ce bras de fer visant à avertir le monde du danger qu’encourent les joueurs. Une histoire très intéressante et qui en dit long sur notre société, avec à la clé un casting impressionnant, réunissant aussi Gugu Mbatha-Raw, Luke Wilson et Alec Baldwin, mais pas de quoi crier au génie non plus, d’où le caractère injustifié du débat sur les Oscars. Le rythme n’est pas toujours au top, la réalisation est presque mauvaise et la face du monde ne semble pas avoir été changée plus que ça. Une œuvre solide et palpitante, mais pas transcendante.

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