Julieta
2016
Pedro Almodóvar
Présenté lors du dernier festival de Cannes, le film fut ovationné, mais rien d’étonnant vu la notoriété et le passif du réalisateur, très primé dans ce genre de cérémonies. Reparti cette fois bredouille, il n’en a pas moins marqué avec des critiques assez exceptionnelles, et avec près de huit-cent mille entrées en France et deux millions dans le monde le succès fut entier. Il est vrai qu’après une comédie loufoque et un thriller dérangeant Pedro Almodóvar nous revient dans un genre bien plus tout public.
Adaptation d’une série de nouvelles du recueil Fugitives d’Alice Munro, le film nous raconte le désespoir d’une mère, Julieta, privée de sa fille depuis des années. Pourquoi ne peut-elle plus la voir ? Que s’est-il passé ? Couchant sur papier ses mémoires, elle tente de communiquer avec sa fille en se remémorant son passé en commençant par le fameux jour où elle a rencontré celui qui allait devenir le père de sa fille.
Quand quelqu’un nous raconte son histoire, c’est soit qu’elle fut extraordinaire, soit qu’elle fut dramatique. Et clairement, on se retrouve ici dans ce deuxième cas de figure. Une histoire qui dérape, une romance tragique, des problèmes de famille, … Rien de bien original ou spécialement engageant, et c’est exactement pour cela que j’étais réticent à voir le film. Mais a t-il vraiment quelque chose de spécial au final ? Oui : Julieta. Même si son histoire est très « commune », elle n’en reste pas moins intéressante et très bien racontée, mais ce qui fait la véritable force du film c’est l’interprète de Julieta jeune (25-40 ans), absolument divine et d’une rare justesse. Mieux encore, le processus de vieillissement est bien maîtrisé et les deux actrices choisies pour incarner l’héroïne aux deux grandes périodes de sa vie sont troublantes de ressemblance et le passage de relais est ingénieux. Une œuvre magnifique et très bien soignée, mais forcément moins marquante que certaines autres de son réalisateur comme La piel que habito, autrement plus inventive.