Un traître idéal
2016
Susanna White
Il y a cinq ans sortait La Taupe, film d’espionnage tiré d’une des œuvres du célèbre romancier John Le Carré, censé être un grand maître du suspense. Bien que le film fut un immense succès avec 80 M$ glanés dans le monde et une presse quasi unanime, le public fut quant à lui plutôt tiède, voir glacial, ce à juste titre tant l’histoire était plate et le rythme amorphe. Il était donc difficile de se réjouir de voir une nouvelle adaptation de l’auteur, d’où l’échec du film (moins de 10 M$), et pourtant le bilan est bien meilleur.
En voyage au Maroc pour essayer de reconstruire leur couple, Perry (Ewan McGregor), un professeur d’université britannique, et son épouse juriste Gail (Naomie Harris) vont rencontrer un riche russe des plus démonstratifs et généreux, Dima (Stellan Skarsgard). Voyant une complicité s’installer et pensant que Perry est l’homme de la situation, il va lui confier ses secrets les plus terribles en espérant pouvoir ainsi sauver sa famille d’une menace imminente.
Point d’intrigue exagérément complexe ou aux enjeux obscures : ici l’histoire est claire, simple et efficace. On ne se perd pas non plus à cause d’un trop grand nombre de personnages, seule une poignée ont une réelle importance, permettant de mieux se concentrer et développer chacun d’entre eux. Le fait de choisir un héros complètement lambda qui se retrouve hasardeusement plongé dans le conflit est aussi une très bonne idée, permettant au spectateur de se sentir immédiatement impliqué par effet de projection. De même, en bon film d’espionnage qui se respecte le film nous propose une grande variété d’endroits visités : Maroc, Angleterre, France et Allemagne. La gestion de la tension et du suspense est optimale, donnant une belle fluidité au récit. Bien sûr, le film se paye quelques clichés encombrants et l’histoire n’est pas follement originale, mais on passe assurément un bon moment et le héros simple citoyen change des experts habituels.