Avant toi
2016
Thea Sharrock
Souvent cantonnés à de modestes succès, les films romantiques n’ont pas l’habitude de déchaîner les passions comme ici, mais à l’image de Nos étoiles contraires, dernier film du genre à avoir connu un succès planétaire, il semblerait que la tristesse fasse vendre. Avec plus de 207 M$ dans le monde à l’heure actuelle (sortira t-il en Chine ?), cela faisait deux ans qu’on avait pas vu un engouement pareil, et il est vrai que le film a de solides arguments.
Adaptation du roman de jojo Moyes, le film raconte le calvaire de William Traynor (Sam Claflin), ancien grand nom de la finance qui menait une vie de rêve et à qui tout réussissait, mais qui va du jour au lendemain se retrouver quasiment intégralement paralysé à cause d’une collision avec une moto. Anéanti par la prison qui lui sert de corps, il a perdu du goût à la vie et ses parents vont alors embaucher la jeune et pétillante Louisa Clark (Emilia Clarke), qui va tout faire pour lui redonner la joie de vivre.
Le principe du film est simple : une âme perdue à sauver. C’est un peu le principe d’Intouchables, d’autant plus que la personne handicapée est très riche. On retombe donc immédiatement dans les travers classiques de ce genre de films, comme pour le récent Un Homme à la hauteur. La personne ne pouvait pas être un individu lambda, il fallait évidemment qu’elle soit riche sinon comment pourrait-on s’y intéresser ? Le pire, c’est qu’en réalité le film ne s’en sert pas tellement pour développer l’intrigue sentimentale, c’est surtout une alchimie de grande amitié humaine, donc cette tare scénaristique n’était même pas utile. L’histoire en elle-même est plutôt bonne, à ceci près que la fin est passablement ratée, faisant beaucoup de mal à sa cause et se basant sur une théorie de l’après qui ne repose sur rien. C’est dommage car le film a vraiment quelque chose de spécial entre son ton très poétique, sa réalisation aux plans soignés, mais surtout la sincérité des émotions véhiculée par des acteurs de très haut niveau (incluant Charles Dance, Brendan Coyle et Matthew Lewis, le Nevil de Harry Potter), surtout notre Khaleesi. Difficile de dire si elle est la meilleure actrice du monde ou si c’est l’hallucinante attirance charnelle qui parle, mais il est clair qu’elle dégage quelque chose d’unique et de fascinent. De mémoire je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi expressif, surtout en terme de sourcils et de fossettes, l’actrice possédant des muscles sur-développés au visage. Elle véhicule tant d’émotions qu’elle rend crédible le film à elle seule. Entre une direction artistique de qualité, des acteurs exceptionnels et une histoire très touchante, le film fait office de référence, et c’est d’autant plus dommage de se fourvoyer à ce point dans la dernière ligne droite.