American Nightmare 3 : Elections
2016
James DeMonaco
Malgré un postulat de départ génial, American Nightmare n’avait pas réussi à capitaliser dessus en proposant de l’horrifique bas de gamme et particulièrement conventionnel. Loin de se laisser abattre par les critiques et fort de son succès commercial, son réalisateur et scénariste va prolonger l’expérience en offrant ce que les spectateurs trépignaient d’impatience de voir : une purge en plein cœur de la mêlée dans une grande ville pleine d’animation et de gens. Le résultat dépassa toutes nos attentes et Anarchy s’imposa comme un magnifique défouloir doublé d’un très bon film d’action avec un vrai fond. Cette fois, c’est justement l’histoire qu’on va creuser un peu plus.
Il y a quelques années, les « Nouveaux Pères Fondateurs » instauraient avec succès la « Purge », fête annuelle où une nuit durant, tout crime, y compris le meurtre, est légal, permettant de réduire la population, surtout les pauvres qui n’ont pas les moyens de quitter le pays ou de se protéger suffisamment, bien qu’officiellement la raison soit l’extériorisation des pulsions négatives. Les effets furent immédiat : en dehors de la Purge, les délits ont drastiquement chuté, sans compter les intérêts démographiques et économiques, un tel événement attirant des gens du monde entier avec derrière les lobbys des assurances et des armes qui s’en mettent plein les fouilles. Ayant perdu sa famille lors d’une purge et y voyant là une dérive insoutenable, la sénatrice Charlene Roan (Elizabeth Mitchell) compte bien gagner l’élection présidentielle et mettre fin à la boucherie, mais encore faut-il qu’elle survive à la Purge. Héros du précédent film, Leo (Frank Grillo) sera ici chargé de protéger la sénatrice.
Un procédé aussi extrême que la Purge ne pouvait évidemment pas fédérer tout le monde, et on se concentre dans ce troisième volet sur ceux qui veulent y mettre un terme, que ce soit politiquement ou moins pacifiquement avec les groupes militants. Après nous avoir montré un groupe de personnes aux enjeux personnels confrontés à la Purge, on passe au niveau supérieur avec une possible remise en cause du principe lui-même, donnant une importance accrue au film. Dans les faits cela ne change pas fondamentalement la donne, en partie basée sur des psychopathes affublés de masques et autres accessoires customisés pour l’occasion, mais l’optique n’est plus du tout la même. On ne cherche plus à survivre à la Purge, on cherche à y mettre un terme. Délaissant un peu plus l’horreur au profit de l’action, le film transforme encore l’essai en misant sur l’agressivité, mais pour autant il ne manque pas d’ingéniosité. On pense notamment au drone, outil détourné en système de traque pour les purgeurs, et c’est là une utilisation pertinente de la technologie. La saga d’anticipation continue d’afficher de solides arguments après la bouffée d’air frais du second opus, et même si certains parlent de redite le changement de contexte justifie pleinement qu’on y replonge.