Les 8 Salopards

Les 8 Salopards
2016
Quentin Tarantino

Au sommet de sa gloire après l’exceptionnel Django Unchained, le grand Quentin Tarantino voulait continuer sur sa lancée avec un second western, plus intimiste cette fois. En effet, il a même était question d’une pièce de théâtre durant les phases d’écriture, et après moult rebondissements et menaces d’annulations à cause de fuites, le film est finalement sorti en janvier dernier en France. Du fait d’une durée avoisinant les trois heures, de certaines critiques mitigées et d’un semi flop au box office (presque trois fois moins d’entrées que son précédent film), j’ai maintes fois repoussé mon visionnage. Loin d’être son meilleur film, on reste néanmoins à un très haut niveau.

C’est décidément quand la situation est la plus délicate que les emmerdes nous tombent dessus. Surnommé le « Bourreau » puisque ramenant toujours ses cibles en vie pour que la justice les pendent, le chasseur de prime John Ruth (Kurt Russell) ramenait une cible à 10.000$  ce jour là, Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), quand il tomba sur un autre redoutable concurrent accompagné de trois cadavres, Marcus Warren (Samuel L. Jackson). Tous deux en route pour Castle Rock pour se faire payer leurs dus, ils vont ramasser quelqu’un prétendant être le shérif de la ville, Chris Mannix (Walton Goggins). Cherchant à esquiver la tempête qui leur fonce droit dessus, les trois hommes, leur chauffeur et la prisonnière vont alors faire une halte à l’auberge de Minnie, y croisant la route d’un mercenaire, d’un mexicain, du bourreau de Castle Rock (Tim Roth) et d’un général de l’armée des confédérés (Bruce Dern). Bloqués par le froid glacial et la violence de la tempête, les huit hommes et la prisonnière vont devoir cohabiter alors que la méfiance va très vite s’installer.

Le principe du film est donc de nous enfermer dans un enfer glacial en compagnie de huit salopards et d’une salope, avec aussi le petit passage guest de Channing Tatum. Chacun dit qui il est censé être et on nous laissera dans une brume jusqu’à la dernière heure du film où certaines révélations commenceront à tomber en même temps que les têtes. Avec une durée aussi copieuse, on prend largement le temps de nous présenter les personnages, même s’il est dommage qu’en dehors de John et Marcus la plupart des autres soient peu exploités ou approfondis, notamment le chauffeur de la calèche relégué comme simple figurant. Grâce à des dialogues cinglants et à une tension omniprésente, on rentre immédiatement dans le bain, happé par le charisme des grandes gueules qu’on nous présente et la patte du réalisateur, sentant que n’importe qui peut se faire butter en moins de deux. Un non attachement à ses propres personnages déstabilisant, allant de pair avec son amour pour le gore qui nous cause à chaque fois un véritable électrochoc, renforcé par les musiques psychédéliques d’Ennio Morricone de très grande qualité, lui octroyant son premier Oscar à l’âge de 87 ans, bien qu’il fut gratifié d’un Oscar d’honneur pour l’ensemble de carrière huit ans plus tôt. Si le film aurait mérité d’être un peu condensé et que son histoire reste au final assez classique malgré de gros efforts de mise en scène et de narration, les performances des acteurs et l’impact des dialogues rendent l’expérience captivante et on est pas prêt d’oublier le récit de la rencontre entre Marcus Warren et le fils du général des confédérés.

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