Dalida

Dalida
2017
Lisa Azuelos

En France les monstres sacrés de la musique ne manquent pas et on s’étonne de voir si peu de biopic leur étant consacré sortir. Il est vrai que malgré une qualité impressionnante Cloclo n’a pas été le succès populaire escompté et Dalida n’a pas eu tout à fait la même notoriété, encore que. Les premiers résultats abondent en tous cas dans ce sens dans la mesure où le million d’entrées semble déjà perdu, ce qui est une plutôt grosse claque compte tenu des enjeux financiers et de l’ambition du film. Il faut dire aussi que la pauvre n’a pas exactement le genre de vie qui fait rêver, et à en juger par le public de la salle il semblerait que seuls les gens d’un certain âge ont répondu massivement présent.

Etant né après la mort de la chanteuse, seules ses musiques me sont parvenues et je ne savais strictement rien de son histoire en dehors des moqueries de Thierry Le Luron, certes lui aussi mort l’année précédente mais dont les rediffusions télévisuelles sont plus nombreuses. Égyptienne d’origine italienne, Dalida, de son vrai nom Iolanda Gigliotti (Sveva Alviti), est donc née en 1933 où la dure réalité de la vie l’a directement rattrapé avec un père violent, mais le film se concentrera sur sa vie à partir de 1956 où sa carrière prit un tournant. Tentant de percer comme chanteuse en France, c’est au travers d’un concours organisé par la radio de Lucien Morisse (Jean-Paul Rouve) qu’elle trouvera son public et le premier grand amour de sa vie. Un départ qui aurait dû l’emmener vers les étoiles, mais entre un cœur fragile qui chavirait plus que de raison et une succession de drames de grande ampleur, sa vie n’eut rien d’un conte de fées.

Dans sa version initiale, le film durait trois heures, alors pas étonnant de se sentir un peu perdu quand il manque un tiers du total. La narration nous perd dès le début entre la prédominance de l’italien et une chronologie variable, la première moitié étant constituée de sauts temporels pour expliquer un premier incident, et une fois l’histoire rattrapée la suite sera linéaire. Le montage paraît alors approximatif et certaines scènes semblent arriver trop tôt puisque le lien affectif n’est pas là. On pense notamment à tout ce qui entoure Luigi Tenco, dépeint comme un prétentieux hautain et auquel il m’a personnellement été impossible de m’attacher. Mais plus le temps passe et plus la surenchère de drames nous affecte, octroyant à mesure que le film avance l’aura légendaire de Dalida à son interprète, au final éblouissante et envoûtante. Le reste du casting – incluant Nicolas Duvauchelle, Patrick Timsit et Vincent Perez – est tout aussi juste, mention spéciale à Jean-Paul Rouve qui nous livre une prestation saisissante. Impossible de rester de marbre face à un tel destin et le film nous offre une reconstitution bouleversante. Malgré une patte visuelle trop moderne et quelques soucis de montage, il s’agit d’un beau film sur une terrible histoire, bien que son message et l’absence de contre-poids dans sa noirceur en rebuteront plus d’un.

PS : personnellement je vois plus le cinéma comme un rêve éveillé, une échappatoire à la morosité ambiante, alors voir la mise en abyme de la vacuité de notre existence m’a fait détester cette œuvre, même si cela ne m’a pas empêcher d’en voir les qualités.

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