Manchester by the Sea

Manchester by the Sea
2016
Kenneth Lonergan

Alors que Netflix occupe tout l’espace médiatique du marché de la vidéo à la demande, le groupe Amazon a voulu lui aussi se lancer dans l’aventure, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’essai a été concluant. Fort de critiques exceptionnelles, le film a réussi semaine après semaine à grappiller quelques salles pour finalement obtenir une vraie sortie nationale aux Etats-Unis, et même si le reste du monde n’a pas tellement suivi, avoir récolté plus de 60 M$ sans star bankable, réalisateur reconnu ni soutien d’un grand studio, ça force le respect. Il faut dire que la forte présence du film lors des cérémonies telles que les Oscars, où son acteur principal et le scénario furent primés, aidant beaucoup.

Sacré « meilleur scénario original » de l’année, le film prend place alors que la famille Chandler doit faire face à un nouveau drame. Déjà anéanti depuis des années par sa propre histoire avec son ex-femme (Michelle Williams), Lee (Casey Affleck) va apprendre la mort de son frère, laissant derrière lui un fils (Lucas Hedges) encore mineur et dont il va récupérer la garde.

Mes attentes premières étaient assez élevées suite au visionnage d’une bande-annonce qui fleurait bon le petit film d’auteur très touchant, mais à cause d’une fin d’année trop chargée j’avais raté sa sortie en salles. Avec des prix d’envergure glanés lors des plus prestigieuses cérémonies, l’envie de m’y plonger n’avait fait qu’augmenter, mais à trop espérer un chef-d’œuvre on en fini aigri et on se jette sur la moindre imperfection. Et quand on en cherche, on en trouve, à commencer par le héros et son « meilleur acteur ». On découvre un personnage visiblement dépressif au dernier degré, quasi amorphe, et pourtant on le retrouve dès les premières minutes dans un bar, lieu pas spécialement propice à la solitude, déclenchant dans une gratuité des plus totales une bagarre, alors même que sa condition psychologique devrait lui ôter toute envie ou force de se battre. D’un autre côté, l’alcoolisme pourrait l’expliquer, mais ça reste étonnant. Point central de l’intrigue, l’incendie est quant à lui l’objet d’un faux-raccord monstrueux où on passe de la nuit au jour d’un plan à l’autre sans aucune raison avec la foule qui n’a semble-t-il pas bougé des heures durant. Pour ce qui est de la « meilleure histoire », on reste dans du drame familial classique et en dehors d’une narration bien amenée qui permet de dynamiser un récit autrement assez plat, il n’y a pas grand chose de passionnant, notamment les dialogues qui regorgent de « fuck », mot le plus prononcé du film pour les amateurs de VO. Niveau acting on a aussi du mal à crier au génie, d’autant qu’il n’y aura aucune évolution psychologique des personnages, restant ainsi dans le même registre tout du long. Même la réalisation fait presque téléfilm avec son ratio 1.66:1 et ses plans fixes avec de vagues mouvements symbolisant l’instabilité du personnage. L’histoire est poignante, l’ambiance pesante et globalement ça reste tout de même très réussi, mais pas de quoi justifier une telle attention.

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